dimanche 8 novembre 2009

« Le Livre Vert » au centre de la dynamique intellectuelle et culturelle universelle, par Gilbert Rocheteau.

Tripoli-Le Guide de la Révolution libyenne s’est adressé aux membres de l’Association Internationale des Partisans du Livre Vert le 26 novembre 2009 dernier en marge de leur première rencontre internationale qui se tenait à Tripoli du 25 au 26 novembre 2009.

C’est devant tous les délégués venus des quatre coins du monde environ quatre cent personnes qui ont bravé les océans, les mers et tous les aléas climatiques pour arriver en terre libyenne, que le Colonel Mouammar Al Kadhafi a tenu à repositionner et recadrer la pensée du Livre Vert dans son contexte idéologique, scientifique et culturel d’autant plus que les forces réactionnaires connues pour leur défense de la démocratie impériale et conquistador ont pris du temps, de l’énergie et de l’argent à détruire l’éthique profonde de la pensée populaire qui rime avec le monde d’aujourd’hui.

Le Livre Vert doit être au centre de la préoccupation universelle en tant qu’une œuvre intellectuelle qui pose les jalons de la société nouvelle où l’idéal est de rendre l’homme heureux et dégagé de toutes contraintes morale, physique, matérielle et psychique. Pour cela il faut qu’il soit libéré de toute confusion et de toute atteinte contre sa représentation épistémologique et dont ses détracteurs en font un cheval de bataille. Il est dénué de tout sens quand en pourfendeur de l’illusion, les opposants à la pensée verte exhibent des thèses xénophobes et racistes insinuant tantôt que le Livre Vert vante le terrorisme, explique des points de vue islamiques ou que c’est une œuvre écrite par un musulman ou arabe, etc.…

Le Livre Vert et son éthique.

Le "Livre vert" du Guide de la Révolution, le colonel Mouammar Al Kadhafi se veut une réponse aux problèmes que rencontre le monde moderne. Persuadé que l'unité des peuples opprimés ne pourra se faire que par la volonté du peuple lui-même, il veut accompagner les masses vers le système qui leur permettra d'installer une réelle démocratie et une véritable rétribution des acquis sociaux.

Dans cet ordre d'idée, le Livre Vert dans son premier chapitre donne une réflexion sur le problème de la démocratie. Le Guide Mouammar Al Kadhafi nous livre une critique pertinente de la pseudo-démocratie représentative, une illusion tentaculaire que les oppresseurs de l’humanité stimulent dans la conscience du monde moderne comme le seul et unique moyen de parvenir à la paix et la stabilité de la gestion des peuples. Dans la bataille politique que se livrent les acteurs sociaux et politiques pour assurer la direction des affaires sociales, le Livre Vert dévoile les contraintes dictatoriales qui accompagnent les dérives monarchiques et les abus du pouvoir contre le seul détenteur du pouvoir du monde moderne qui est le peuple. "La lutte politique qui aboutit à la victoire d'un candidat, avec par exemple 51 % de l'ensemble des voix des électeurs, conduit à un système dictatorial, mais sous déguisement démocratique. En effet, 49% des électeurs sont gouvernés par un système qu'ils n'ont pas choisi, et qui, au contraire, leur a été imposé. Et cela c'est la dictature. Cette lutte politique peut aussi aboutir à la victoire d’un appareil ne représentant que la minorité, notamment lorsque les voix des électeurs se repartissent sur un ensemble de candidats dont l’un obtient plus de voix que chacun des autres considéré à part. (...) Afin de mettre à nu la réalité de l'assemblée parlementaire, il faut nous rechercher d'où elle vient: elle est soit élue dans des circonscriptions électorales, soit constituée, dans un parti, une coalition de partis, par désignation. Mais aucun de ces moyens n'est démocratique, car la répartition des habitants en circonscriptions électorales signifie qu'un seul député représente, selon l'importance de la population, des milliers, des centaines de milliers, ou des millions de citoyens. Cela signifie aussi que le député n'est pas attaché par un lien organique populaire avec les électeurs, puisqu'il est considéré selon la thèse de la démocratie classique, comme le représentant de tout le peuple... la représentation est une imposture... Les plus tyranniques dictatures que le peuple ait connues se sont établies à l'ombre des assemblées parlementaires".

Le Livre Vert dresse aussi une analyse critique de la dictature d'une classe sur une autre, dans une logique qui n'est pas trop loin de celle des communautaristes européens d’après Luc Michel, Coordinateur européen pour le Mouvement Européen de la Démocratie Directe. Il traite la question du référendum, du parti politique, de l'appareil du gouvernement, des assemblées parlementaires, etc.… propose comme alternative une démocratie directe qui encourage le peuple à constituer des Comités Populaires partout et à former comme organe législatif et exécutif: le Congrès Général du Peuple.

La seconde partie qui traite le problème économique met en exergue l'exploitation du prolétariat et centre son analyse sur la valorisation de l'ouvrier en tant que maître de la production. C'est pourquoi, ayant bien assimilé l'échec du marxisme et du capitalisme, le Guide explique que la solution au problème économique est assurée quand les producteurs abolissent le salariat et s'associent à la propriété des entreprises. Cette affirmation n'est pas sans rappeler " la théorie communautariste du salaire prolongé" qui propose de substituer une propriété collective à la propriété privée des entreprises. Aussi avance-t-il, " ...Quelles que soient les améliorations apportées au salaire, le salarié reste une sorte d'esclave d'un maître qui le paie, ou plutôt il est un esclave temporaire et cet esclavage est basé sur le fait qu'il fournit un travail en contrepartie du salaire que lui verse un patron, un individu, voire un gouvernement... La solution finale à ce problème consiste à abolir le salariat, par la libération de l'homme de l'asservissement dans lequel celui-ci le maintient... Il n'y a pas de salariés dans la société socialiste, il y a des associés; le revenu appartient à l'individu... c'est la part qui lui revient d'une production dont il est l'un des éléments indispensables".

La question sociale dans le troisième chapitre du Livre Vert traite des sujets sensibles; ceux-là même, qui, au cours des siècles derniers, ont causé tant de dégâts à l'humanité. On ne saurait manquer de les souligner; de l'esclavage, à la traite négrière, à l'extermination de certaines races humaines, à la conquête environnementale et spatiale…

Tant que la question de la famille ne sera portée au devant du débat comme force sociale de premier ordre, la société sera tout le temps au bout de son explosion. Et si on parle de société, c'est précisément parce que, à l'origine, la famille s'est constituée et s'est prolongée. Elle est à l'avant-garde de l'Etat c'est pourquoi le Guide explique ceci: "Pour l'être humain, la famille a plus d'importance que l'Etat. L'humanité se reconnaît dans l'individu et l'individu se reconnaît dans la famille qui est son berceau, son origine et son environnement social. Par nature, l'humanité est incarnée par l'individu, dans la famille, et non dans l'Etat qui lui est étranger. L'Etat est un système artificiel politique et économique, parfois militaire, sans rapport avec l'humanité. La famille est semblable à une plante, prise isolément dans la nature, mais qui demeure l'élément essentiel du monde végétal. Le fait d'aménager le milieu naturel en fermes ou jardins n'est qu'un processus artificiel sans rapport avec la nature de la plante formée de branches, de feuilles et de fleurs".

"La force motrice de l'histoire humaine est le facteur social, c'est-à-dire le facteur national. Le lien social qui assure la cohésion de chaque groupe humain, de la famille à la tribu et à la nation est le fondement même de l'histoire... La relation nationale s'identifie à la relation sociale, car social dérive de société, c'est-à-dire des liens existant au sein d'une société; et le nationalisme dérive de nation, c'est-à-dire des liens existant au sein d'une nation... Par ailleurs, les mouvements historiques sont des mouvements de masse,... Abstraction faite des liens de sang, la nation est en définitive un sentiment d'appartenance et une communauté de destin".

Dans ce dernier chapitre, le Guide de la révolution traite non seulement de la question de la famille, mais sape de manière subtile et objective les questions liées aux notions de tribu, nation, patrie et ménage son point de vue sur la condition de la femme et comme il le constate "Toutes les sociétés de nos jours, considèrent la femme comme une marchandise, l'Orient, comme un article à vendre ou à acheter, et l'Occident ne la considère pas comme une femelle. Obliger la femme à effectuer le travail de l'homme c'est se livrer à une injuste agression contre sa féminité..."

Le Livre Vert s'achève en laissant des réflexions positives sur le statut des minorités, l'éducation, la musique et l'art ainsi que la place et la forme du sport dans la société.