lundi 24 février 2014

Charles Ateba Eyene : Aurais-tu Emporté avec Toi Ton secret ?

Par Gilbert Rocheteau.
Dr. Charles Ateba Eyene 

Une mort - une tragédie
Depuis le 21 février 2014 que, comme tout camerounais, j’entendais courir la rumeur selon laquelle Dr. Charles Ateba Eyene venait de rendre l’âme au CHU de Yaoundé (Centre Hospitalier et Universitaire de Yaoundé), c’était pour moi trop brut pour être vrai. 

Primo parce que mon attention était dirigée sur la Côte d’Ivoire où certaines sources avançaient la nouvelle du décès du Président Ouattara depuis la France et ensuite parce qu’il n’y avait pas de signes avant-coureurs qui pouvaient indiquer dans la société camerounaise l’imminence d’une telle tragédie pour le Cameroun. Car Charles Ateba, incarnait pour beaucoup, la Voix des Sans Voix.

Je parle de ‘tragédie’ tout comme ce fut à une époque Kotto Bass et Marc-Vivien Foé.

Kotto Boss, le majestueux guitariste 
Le guitariste extraordinairement aimé par la masse populaire camerounaise, Kotto Bass, la nuit du 19 au 20 novembre 1996 tombait sous les drapeaux de la culture camerounaise pourtant il venait ainsi d’entamer la colline de sa carrière d’artiste. C’était un choc, la société s’en était émue et c’était aussi, la fin d’une gloire qui n’avait même pas encore commencé.

Marc-Vivien Foé









Marc Vivien Foé, le 26 juin 2003, au cours de la Coupe des confédérations de la FIFA, s'écroula les yeux révulsés sur le terrain du stade de Gerland de Lyon en France durant le match du Cameroun contre la Colombie. Transporté à l’hôpital, il mourait 30 minutes après, sous les couleurs du Cameroun sur le champ du sport.  [pic 3]

Aujourd’hui, c’est Charles Ateba Eyene, qui laisse la masse populaire camerounaise orpheline de sa pensée libérale et audacieuse.   

Au demeurant, je n’ai personnellement pas connu la personne de Charles. Je ne le connais pas pour dire vrai mais j’ai été depuis 2012 touché dans la profondeur de mon âme pour ses positions révolutionnaires, ses attaques directes et froides contre ses camarades du parti dans lequel il était l’un des fervents militants, chose qu’on trouve très rarement chez nos compatriotes tellement la peur au ventre confisque coutumièrement les idées audacieuses qu’ils engrangent en eux.    

Chaque Africain en général,  et en particulier chaque citoyen issu des pays africains du Congrès de Berlin, a une orientation personnelle et une personnification de son existence. Est-ce que je ne le dis pas très souvent, « La Pensée est synonyme de l’Action. En refusant de penser, de consacrer son énergie cérébrale pour participer à la marche du monde, c’est faire abstraction de soi au monde, à ce qu’être un sujet ontologique, c’est exister...».

Pour moi, j’ai fait de l’Afrique ma pierre angulaire, mon sacrifice existentiel et j’ai longtemps refusé de m’ingérer ou de m’intéresser des questions intérieures, d’un pays africain peau de panthère, fut-ce mon propre pays parce que j’ai jugé, à titre personnel, que mon combat n’y était pas ; il est celui de la libération de l’Afrique des mains de ces êtres vivants qui pensent que l’humanité entière leur appartient. Pour moi, une Afrique continentale à la chinoise serait la fin de mon histoire, mon rêve le plus extrême et le plus absolu.

Scène de crime du journaliste Jules Koum Koum
Chez Ateba Eyene, c’était d’abord le Cameroun débarrassé du clientélisme, des sectes, des pratiques mafieuses de gestion du bien public, des pratiques de sorcellerie qui  devenaient déjà le quotidien des camerounais, trop pesant et trop ridicule pour un pays qui se veut la locomotive d’une Afrique centrale (en pleine décapitation). Il était sur un pied de combat comme avant lui le Cameroun a connu le journaliste Jules Koum Koum qui dénonçait déjà les sectes et les réseaux mafieux. On se souvient que celui-ci était tragiquement mort écrasé par un grumier. On peut penser aussi à l’écrivain Mongo Beti ou au Cardinal Christian Tumi qui continue de mener ces combats.

Dr. Charles, ce jeune homme, vaillant, téméraire, opiniâtre savait du fond de son cœur qu’il avait bien avant pactisé avec le diable mais qu’il avait fait un repenti public et un mea culpa (sortir de la caverne) pour s’engager sur la voie de la dénonciation, de la mise sur le marché public des grands fléaux qui ne font pas avancer le Cameroun vers la voie de son émergence telle que souhaité par le président national de son parti, notre Président de la République M. Paul Biya.

A lui tout seul, il s’était mis contre lui et portait en lui seul le fardeau de sa guerre contre les sectes, la sorcellerie ouverte exposée dans les cités camerounaises, et surtout l’évasion financière vers les paradis bancaires étrangers par les hobereaux du régime de son mentor.

Depuis 2012 si je m’en tiens à ce que j’avais retenu de lui lors de son passage sur une chaîne de télévision privée camerounaise, il investiguait sur les comptes bancaires de certains hauts dignitaires de la république avec son armée électronique, aujourd’hui en moins d’un an, le voilà qui voyage dans les ténèbres, emportant avec lui le secret de ses enquêtes qui aurait peut-être permis à l’Etat du Cameroun de ramener quelques milliards de nos francs qui font la beauté et la fierté de l’économie de nos donneurs de leçons de démocratie et de bonne gouvernance.  

Pourquoi la jeunesse camerounaise ne s’interrogerait-elle pas sur les causes de sa mort ?

Les premiers diagnostiques révèlent que Dr. Charles Ateba Eyene souffrait d’une insuffisance rénale.

On s’est très bien qu’au Cameroun, quelqu’un de l’envergure de Charles ne mourrait pas d’une telle maladie déjà parce que pour lui, il était à l’abri du besoin ; aussi il n’est pas question de moyens insuffisants ou limités pour son traitement, il en avait à suffisance et ensuite parce que, une telle maladie trouverait un traitement quelle que soit la dimension du traitement qu’il devait suivre. 

Il est bien évidemment à prendre en compte que la personne, est un être vivant, et qu’il est ou était vulnérable comme tous les autres vivants et qu’il pouvait succomber d’une mort quelles que soient les circonstances lorsque c’était « écrit », il doit mourir ce jour… même si je suis un peu très éloigné de cette idée de la fatalité.

Pour la plus part de jeunes que j’ai rencontrés depuis l’annonce de ce décès, il ne fait l’idée d’aucun doute, Charles Ateba comme ils l’appellent, « est mort pour eux », parce qu’il a osé combattre les poids lourds du régime et ceux-là ont décidé de lui faire payer… d’ailleurs, ne disait-il pas de son vivant : "je veux mourir pour les miens d'abord avant de songer mourir pour le bien de tout le monde. Ma mort sera la contribution que je souhaite apporter au changement de ce pays. Nous devons bâtir un pays indestructible qui va lutter pour le bien de tout le monde; un pays patriotique riche et non égoïste, sorcier, sectaire et tribaliste... » Et que je cite aujourd’hui aussi Sandi Bilong sur le réseau social Facebook, sa page d’accueil « c'est bien dommage, ce départ subit de Charles… je l'ai déjà dit et je le redirai toujours. [Ils] ont tué Charles Ateba. Ces sorciers, ces buveurs de sang et mangeurs de chair humaine, ces adeptes du culte du diable, ces fils et filles de Lucifer, ces disciples du diable ont eu raison de Charles Ateba. [Il] avait bien voulu les combattre, mais, comment combattre quelqu’un avec qui tu manges tous les jours, comment combattre celui avec qui tu dors dans le même lit? Charles voulait combattre ces fausses élites du sud oubliant qu'il était très jeune dans un groupe trop vieux. (…) [Ils] n'ont pas accepté l'arrogance de cet enfant et sa franchise. [Ils] ont voulu le faire partir du comité central et ont croisé le fer avec Semengue [le général Pierre Semengué, ex-chef d’état major de l’armée camerounaise] son oncle. il fallait trouver un autre moyen et lequel? La lâcheté. Oui, je dis bien la lâcheté, car ils ont tous peur de la vérité. Voila le crime de Charles Ateba… ». C’est tout dire l’hystérie collective qui va s’en suivre jusqu’à l’enterrement prévu pour le 29 mars 2014 de ce jeune compatriote mort sous les couleurs pour sa lutte contre le braconnage politique au Cameroun.

Charles Ateba Eyene, fort soutien du Président Paul Biya.

Le Président Paul Biya, Président du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), est, quoi qu’on dise tout de lui, l’homme qui a su fabriquer une jeunesse camerounaise battante avec un style tout aussi particulier. De cette jeunesse est issue le jeune Charles Ateba (42 ans, reste à confirmer), qui mordicus et jusqu’à l’annonce de sa mort le 21 février dernier, lui vouait tout attachement.

Son combat était articulé et résumé autour du Président Paul Biya. Toutes ses dénonciations étaient mises en avant pour le dédouaner de quelques maux graves dont souffre le Cameroun.  On se pose bien la question de savoir pourquoi le père de la nation n’aurait-il pas été un père protecteur de Charles quand on sait, que lui-même sait que cet enfant de son système devait être la cible potentielle de certaines personnes influentes autour de son régime.

Je ne saurais continuer - au hasard - à plancher sur un sujet aussi sensible que celui-ci mais qui touche la discrétion du Chef de l’Etat camerounais quand on sait que, le père de la nation camerounaise qu’il a su bâtir de ses mains depuis 82, a une manière particulière et singulière de soutenir la jeunesse qui lui est fidèle.

Est-ce que le Président de la République pouvait faire autrement si effectivement, il était écrit dans l’agenda céleste de Charles, que « Charles, tu Me Retourneras ce 21 février 2014 »… Charles aurait été de cette jeunesse qui ne recule pas, même au péril de sa vie et en se sacrifiant pour son pays, s’est sacrifié pour sa propre famille laissant une progéniture malheureuse mais qui est et sera fière d’avoir vu un père combatif, héroïque et irréversible.    
       
Cette mort émouvante de Charles devrait faire penser le Président de la République du Cameroun, que le pire est à venir car Charles incarne de nombreux autres jeunes que certaines personnes n’acceptent pas facilement en eux l’émergence d’une pensée contradictoire… d’autres jeunes sont sur la liste, Dr. Owona Nguini Mathias, Dr. Hilaire Kamga, Patrick Psapack, Banda Kani, Dr. Alain Fogué Tédom et bien d’autres dont je ne peux citer le nom peut-être par oubli mais qui incarnent l’avenir d’un Cameroun futuriste mais que les hobereaux du système souhaitent voir taire à jamais.

C’est cette nouvelle élite que le Président Paul Biya devrait protéger et derrière elle, protéger l’ensemble de la jeunesse camerounaise qui est « le fer de lance de la nation » le disait-il dans l’une de ces allocutions à l’adresse de la jeunesse de son pays.

Qui était Charles Ateba Eyene ?
news.mboa.info écrivait sur son site internet le 15 mars 2013 que, Charles Ateba Eyene est un individu pluridisciplinaire et fort actif sur tous les fronts. Il est un acteur de la vie politique et intellectuelle les plus en vue de sa génération. Connu pour ses livres engagés et parfois polémiques, est aussi reconnu comme un membre très actif du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc), le parti politique au pouvoir pour lequel il est encore l'un des communicateurs. Avec les élections sénatoriales qui connaissent leur grande première au Cameroun, Charles Ateba Eyene n'a pas hésité à se présenter devant les médias comme candidat au Sénat du Cameroun où il compte amener des « révolutions » comme l'on lui connait.

Auteur de plus de 15 livres ayant connus les uns les autres un succès franc, Charles Ateba n'a vraiment jamais couvert d'éloges les éditeurs nationaux qui pour lui ont des lacunes : manque de professionnels, de comité de relecture, de moyens... Mais, il précise que c'est grâce à la vente de ses livres qu'il gagne aisément sa vie, bien qu'il soit également fonctionnaire du ministère des Arts et de la Culture.

Mais c'est dans les années 1970 que Charles nait d'une mère ménagère et d'un père qui était un technicien des eaux et forêts à l'Est du Cameroun au sein d'une famille polygamique pas aisée. Après ses études primaires, Charles devient un acteur très prolifique sur le plan estudiantin. Il cumule à son actif plusieurs diplômes notamment un doctorat en Communication Politique ; une licence en Lettres Modernes Françaises, un diplôme en Inspection de la Documentation...

Par contre son goût pour la politique lui est impulsé par son père - jadis membre du Rdpc. Charles forge ses armes lors des ses études secondaires et universitaires où il séduit de par ses discours, son éloquence et sa franchise. Justement ce dernier caractère lui a conféré souvent quelques foudres directes. Dans l'un de ses ouvrages il a dénoncé ce qu'il a qualifié de micro-tribalisme du Paul Biya, parlant de la balkanisation de la région du Sud. Dans son livre « Le Cameroun sous la Dictature des Loges, des sectes, du magico-anal et des réseaux mafieux...», il a accroché la franc-maçonnerie du Cameroun ; ce qui lui a valu de vives critiques tant des franc-maçons, de la presse que d'acteurs politiques. Dans « Les paradoxes du pays organisateur », Charles « tape » sur les élites qui profitent du régime en place, ne voulant pas perdre leurs privilèges et leurs postes, mettent des « moyens » pour y parvenir.

Malgré certaines controverses sur sa personne, Charles Ateba Eyene reste une personnalité assez appréciée des jeunes ; ce qui lui a d'ailleurs valu d'être été élu en 2012 comme étant la personnalité préférée des camerounais par le Groupe Multimédias Presse Force One à travers les numéros de l'annuaire téléphonique, choisis au hasard dans les dix régions sur un échantillon de 2000 citoyens, conformément aux référentiels scientifique des instituts d'étude d'opinion TNS-Sofres et BVA.

A la famille du Dr. Charles Ateba Eyene…

Patience à la famille du défunt, patience aux progénitures de Dr. Charles Ateba Eyene, au lieu d’adresser à cette famille mes condoléances, je dis ‘Honneur à Charles Ateba Eyene’ et ‘Vive le Cameroun’, car c’est sur le terrain du combat qu’il est tombé. De sa maladie, qu’elle ait été normale ou provoquée, Charles est tombé sur le champ de l’honneur en défendant de l’intérieur notre pays.

Il n’est pas mort vainement, il est mort pour un combat loyal et il entre à jamais dans l’histoire du Cameroun, notre beau pays.

Charles, bravo ! C’est ma manière à moi ici de te rendre hommage… Que la Terre de nos Aïeux te soit légère !

jeudi 13 février 2014

Critique de la politique française en Afrique

Par Gilbert Nkamto,

L’Afrique d’aujourd’hui comme celle d’il y a un demi-siècle ne diffère pas ni selon l’époque (aucun contraste entre l’époque coloniale, des indépendances et de l’après-indépendance) ni selon la globalisation telle qu’elle a été orientée par les USA après la chute du Mur de Berlin le 9 novembre 1989 (démocratie : multipartisme, liberté d’expression, alternance).

L’Afrique et particulièrement l’Afrique francophone se retrouve après toutes ces années (entre 1945-2014), plus de 69 ans après  en train de subir les mêmes maux comme si le mauvais sort s’était juste  emparé de cette partie du continent. Comme conséquence, elle reste toujours en proie aux conflits politiques inespérés et empêtrés dans des guerres stériles qui accompagnent l’évolution de cette zone géographique africaine  vers l’abîme.

Ces régions  - Afrique CEDEAO, Afrique CEMAC- sont  des « zones volcaniques à forte intensité » dont le « cratère » porte le nom de France.  Dès que les volcans sont en activités, les séismologues c’est-à-dire les locataires de l’Elysée sont les seuls à pouvoir déterminer s’il faut ouvrir le cratère ou le fermer. Et au fil de l’histoire, depuis que, par le fait du chaos et des circonstances, l’Allemagne de Hitler a perdu la Seconde guerre mondiale, la France a continué à escamoter les richesses africaines, à avilir sa population et à conduire ces zones vers l’abîme.

Si pour certains Africains, la prière et l’abandon du « pour soi » sont devenus les seuls signes de résignation à la fatalité, si pour d’autres , le désir d’exister et donc de faire chemin avec la France par la traîtrise, le culte de soumission aveugle, la castration par des sectes venues de la métropole française pour bénéficier des faveurs de cette France orgueilleuse de son histoire coloniale, il n’en demeure pas moins que pour d’autres, il vaudrait mieux mourir en martyrs-héros que de se laisser animaliser par ces fauves humains de notre ère.


Aujourd’hui plus que jamais, la France devrait s’interroger sur sa place dans cette Afrique qui tend à vouloir prendre ses distances. Si elle ne sait pas s’interroger, il y a des raisons évidentes qu’il faudrait mettre au devant de la scène pour que cette France comprenne justement pourquoi, elle n’est plus la bienvenue en Afrique en général et particulièrement en Afrique francophone. Dans le cas contraire, le France ferait ce qu’aucun pays n’ait jamais fait dans son histoire, faire de toute la population française, une population militaire de sorte que, partout où un français se retrouve en Afrique, qu’il soit militaire… soit un militaire français pour un habitant africain et à ce prix, l’enjeu est énorme, le coût aussi.    

QU’EST-CE QUI EXPLIQUE CETTE PRUDENCE AFRICAINE LA OU SE TROUVE LA FRANCE EN AFRIQUE ? 

Ce que la France ne sait pas c’est que même dans les plus hautes sphères de décision au sommet des pays africains où elle a installé ses marionnettes, elle n’est pas la bienvenue. Pourquoi ?

1- La France ne respecte jamais ses engagements et elle ne donne pas l’occasion à ses pantins de promouvoir une politique visant l’intérêt général. Sa politique vise à duper ses vis-à-vis, à les calomnier, à les laisser tomber lorsqu’elle ressent une simple envie de vouloir faire mieux, ou de vouloir s’affranchir de sa tutelle pour le bien de son peuple. Elle aime être le devant et le derrière des Africains et de leurs pantins avec en prime qu’on l’appelle le bon samaritain qui vient au secours des pauvres, donc des Africains qu’elle appauvrit derrière ses politiques coloniales d’invasion et de prédation.  

2- La France infantilise l’Afrique. Son enseignement qu’elle a su apporter à l’Afrique est l’histoire de Mamadou et Bineta qui apprennent à lire le Français. Ou le conte d’un blanc debout devant des jeunes nègres aux pieds nus, le ventre ballonné, portant des habits en haillons dans une salle de classe faite de pailles dans une brousse africaine où à un angle est accrochée une lampe tempête et en dessous, une table du maître portant le cartable et les ardoises des enfants nègres qui y ont dessiné en lettre les mots A, B, C… déformés. Dans ce processus d’infantilisation de l’Afrique depuis 69 ans, la formation intellectuelle qu’elle a pu donner à ses pays francophones de l’Afrique c’est : la métaphysique, l’Art et la culture, la religion, la démocratie, les partis politiques, les biens mal acquis ; sa formation scientifique, a été par-dessus tout le VIH-SIDA, la pornographie, les mauvaises mœurs ; sa formation agricole, culture du café-cacao, banane, hévéa et la déforestation, enfin sa formation industrielle, création des industries de bière et de vin de qualité... les exemples sont légions… 

COMME CONSEQUENCES DE CETTE INFANTILISATION DE L’AFRIQUE FRANCOPHONE …

a) lorsque dans la classe politique africaine il n’y a pas d’entente, au lieu de s’asseoir autour d’une même table pour trouver une solution comme les populations indigènes le font au quotidien sous l’arbre à palabres, elle se dirige à Paris pour y trouver une solution.

b) les maux les plus connus dans la santé publique c’est le VIH, les IST, et aujourd’hui, il est plus conseillé à l’Africain d’aimer et de s’accoupler avec son semblable du même sexe car c’est ça la modernité et la globalisation.

c) il faut que l’Africain s’investisse dans la culture du café et du cacao pour ne pas affamer la France qui ne vit que de la chocolaterie, idem pour l’hévéa pour faire tourner Michelin…

d) et après tous ses efforts, il faut s’enivrer dans l’alcool pour faire dormir l’esprit en paix et se relever le lendemain sans soucis… ainsi va la France en Afrique et lorsqu’on est malade, il faut prendre le vol – si le visa est permis – pour aller trouver des spécialistes de santé à la métropole française.

Pour la France, l’Afrique n’a été pensée que dans le sens de l’avilissement des mœurs et de la personne africaine et tout ce qu’elle a pu trouver pour elle c’est le rêve, la délation, le mensonge et l’humiliation écartant de la pensée noire toute logique de science, de technique et de la technologie qui soutient tout développement scientifique, industriel, économique et militaire.  

Ce cliché qui a longtemps caractérisé l’Afrique francophone et  qui continue malgré tout de traduire le mal être de l’Africain est sans doute l’élément de trop qui fait dire à l’Afrique francophone, prophète France, ton règne est terminé.

Mais il y a des rêveurs qui continuent de croire dans les arcanes du pouvoir en France que l’Afrique d’aujourd’hui est celle du passé où elle viendra au prix du canon, des bombes, des assassinats ciblés, des génocides reprendre le contrôle de nos destins collectifs pour continuer à nous avilir et à nous laisser pour compte. 

LA COMPOSITION DE LA MAYONNAISE FRANÇAISE EST CONNUE DES AFRICAINS.

La France elle-même aujourd’hui est surprise de la réussite sociale africaine même si ce n’est que quelques exceptions africaines.

Certains colons français, qui avaient tourné le dos à l’Afrique dans les années 90, en menant des politiques hostiles aux jeunes Africains - à rappeler qu’avant 1990, la France était la première destination des Africains pour les études et le tourisme – savaient que l’Afrique était mal partie comme l’avait déjà démontré l'agronome René Dumont dans son livre « L'Afrique noire est mal partie » paru en 1962.

24 ans après, lorsque ces mêmes colons refont une visite en Afrique, ils s’étonnent que l’Afrique soit en train d’évoluer radicalement vers la voie de son émergence et de son développement tous azimuts : des autoroutes par ci, des infrastructures sociales par là, des unités d’industries qui naissent au quotidien, ce qui réveille accidentellement les fauves de leur sommeil.

Pour rappel, dans le ‘Rapport Védrine la France et l’Afrique’, Hubert Védrine, cet homme politique qui me rappelle tristement le sang des Rwandais, cet homme d’une perfidie énigmatique lorsqu’il aborde le sujet des Africains, cet homme célèbre en France mais qui pour nous autres Africains devrait être en train de croupir dans les geôles de la CPI, c’est cet homme qui revient à concocter la science de la reconquête coloniale africaine.  Lisons ce qu’il dit dans son rapport… feuilletons la page 96, au bas de page, il dit : « Aujourd’hui, il faut aller plus loin et plus vite. La relation économique avec l’Afrique nécessite une véritable remobilisation afin que la France retrouve sa place dans la compétition qui se joue en Afrique. Pour ce faire, la France doit pleinement assumer ses intérêts en Afrique. »

La France doit pleinement assurer ses intérêts… il faut alimenter les guerres, tuer, piller car il s’agit des intérêts de la France… 

Justement, Hubert Védrine se trompe de l’époque. Il faut aller plus loin et plus vite mais où était-il depuis la deuxième guerre mondiale ou encore moins, depuis 1990? Ce monsieur se trompe car l’Afrique qu’ils avaient abandonnée s’est résolument tournée ailleurs et ses intérêts dépassent désormais le seuil de ses pantins positionnés en Afrique… il n’y a plus seulement des Africains formés en France, il y a des Africains formés en Afrique, en Asie, en Amérique latine, en Russie, en Chine et dont les visions sont diamétralement opposées à la chère France et à ses pantins préposés aux commandes de nos destinées. 

LA REVOLUTION ASYMETRIQUE

Les Africains gagneraient mieux désormais à coopérer ensemble et à dénoncer. La révolution africaine des Années 90 en marquant l’histoire africaine de son empreinte a ouvert un nouvel horizon à nos peuples. A sa marque, se sont ajoutées les nouvelles technologies et la télévision par satellite qui sont des points boomerangs de notre époque contre cette France imbue de sa puissance…  elles nous auraient mal servi il y a 24 ans mais elles nous servent aujourd’hui pour déballer au grand jour les œuvres macabres de cette France et de ses pantins sur le continent. Elle n’arrive plus à dissimuler ses preuves, elle ne sait plus comment et par où manipuler la jeunesse africaine notamment dans les pays où le taux d’alphabétisation a dépassé le taux de scolarisation de 65 à 80% de la population. Le gri-gri français est tombé dans l’eau.  

L’Afrique doit être vigilante, les Africains doivent être vigilants car la France veut exploiter les prouesses de sa sale guerre en Libye pour prendre à contre-pieds les pays africains qui s’obstinent à ne pas suivre le meilleur exemple infligé à Laurent Gbagbo et à Kadhafi.

Si la France ne peut pas venir derrière les élections qu’elle a montées de toutes pièces avec ses collabos dans les territoires jadis ses zones d’influence, elle viendra par le soutien humanitaire aux manifestants. Elle a des tactiques obsolètes qu’elle utilise à tort ou à raison pour remplir son cahier de charge et l’une d’elle « la revendication pacifique des reformes », et la plus osée, c’est la lutte contre la contrebande ou l’islamisme ou l’islamophobie… comme si d’un revers, la France était devenu sauveur de l’Islam et des musulmans.

Dans sa tactique, elle équipe ses collabos sur le terrain et les arrange à porter soit les tenues militaires de l’armée loyale ou celles de la police, de la gendarmerie ou de la douane… pour vu que ce soit en rapport avec un organe d’oppression du gouvernement contre lequel elle a des comptes à régler.

Ses hommes, utilisent les armes contre la population, ils tirent à tout va et contre n’importe qui, qui peut se trouver là à ce mauvais moment… il y a dans cet élan, ses gens qui filment soit avec des téléphones portables ou des cameras qu’ils postent sur des réseaux sociaux anonymes qui sont repris par l’AFP, France 24, Euronews, etc. et l’opprobre est jetée contre le gouvernement ciblé… les morts sont comptés aux torts exclusifs du gouvernement. Ensuite arrive le pompier France soutenu par la ‘communauté internationale’ (le Conseil de sécurité des Nations-Unies) pour effectivement engager une mission humanitaire pour protéger la population civile… et c’est comme ça que la France se réinstalle derrière sa mission humanitaire et impose son pantin derrière une élection collée à la joue, qui nargue le peuple.
Voila comment la guerre humanitaire de la France s’est initiée en Libye, et c’est comme cela qu’elle va continuer à faire dans les pays qu’elle veut conquérir à tout ailleurs comme le recommande le génocidaire Védrine.

OU LA FRANCE GAGNERAIT-ELLE A S’INSERER EN AFRIQUE ? 

La première chose qu’attendent les Africains de la France, ce pays historiquement au cœur de la culture africaine après 1945, c’est le transfert de la technologie de la France vers l’Afrique et surtout dans les pays francophones. La France devrait savoir que le développement de l’Afrique est irréversible et qu’avant 2020, avec elle ou sans elle, l’Afrique devrait pouvoir transformer ses matières premières sur son sol.

La deuxième chose que les Africains attendent de la France c’est d’arrêter de torpiller les projets de développement de leurs pays. Que la France cesse de tricher, de mentir et qu’elle mette son expertise de puissance dont elle se réclame en jouant le jeu de la compétition des marchés en Afrique au lieu de venir en pilleurs, en bandits torpiller les marchés déjà engagés par d’autres pays notamment le Brésil, la Chine et l’Inde.

La France elle-même doit cesser de vivre sous le couvert de l’Afrique et se jeter dans la vraie quête technologique et scientifique en devenant comme par le passé, un pole incontournable de la recherche. Elle ne doit pas être quémandeuse des biens et des richesses des autres états (Qatar, Arabie Saoudite, Cote d’ivoire, etc…).

Il faut le dire, il faut le répéter, la France a tellement réduit les pays francophones africains au bas de l’échelle qu’elle a cru à un moment de son histoire que l’Afrique était son grenier. Dans sa mission, elle n’intéresse l’Afrique que lorsqu’il s’agit de faire miroiter la vie de rêves aux Africains à travers le PMU (pari mutuel urbain, course à chevaux), les pari-foot bref tout ce qui est fait pour dépouiller l’Africain de son être. 

Cette France doit revoir une énième fois sa politique d’immigration tournée contre l’Afrique, elle doit considérer les pays africains comme des partenaires et non des dominés de l’histoire. Dans cette vision, l’Afrique sera la bienvenue à la France et aux citoyens français.

ET L’AFRIQUE DES AFRICAINS…

Après la démystification de l’homme blanc par les Africains juste aux lendemains de la première et la seconde guerre mondiale, il n’y a plus de raisons valables pour que l’Africain continue de courber l’échine devant un Français. Ils ont fait les mêmes écoles, les mêmes sciences métaphysiques et ont soutenu les mêmes thèses. Il est question aujourd’hui que l’Africain accepte sa couleur de peau, sa nature et son environnement social et géographique pour se lancer dans la reconstruction de son patrimoine.

L’un des combats africains de notre ère, c’est le dogme culturel français. Les Africains doivent savoir que RFI, TV5, France 24, CFI et tous les instituts français en Afrique ne sont pas là pour révolutionner l’Afrique. Ils sont là pour détruire le tissu culturel africain et doivent être les premières cibles des Africains dans leur quête d’autonomie. A cela doit s’y opposer le boycott en valorisant les moyens culturels africains dans nos pays, nos quartiers et nos régions pour reprendre en mains nos destins collectifs.  

L’éveil de la conscience africain est irréversible et l’Afrique plus que jamais doit faire dire à la France que sa ‘puissance africaine’ était celle d’une autre époque…

Gilbert NKAMTO (*)

Photo : Une Afrique qui prend conscience …
Couverture du CD ‘A bas la françafrique’. Compilation signée Céd', avec plus de 70 artistes venus de la France, de Belgique, de Suisse, du Gabon, de Guinée, du Maroc, du Togo, de Côte d'Ivoire, du Sénégal ... STOP A LA FRANCAFRIQUE et à toute forme de colonisation !!
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Correspondant du CEREDD à Tripoli, puis Yaoundé.
Secrétaire général du Conseil Panafricain du MDPR /
Mouvement démocratique panafricain pour la renaissance
Administrateur d’EODE Zone Afrique