mercredi 10 novembre 2010

Autant les arabes ont terrorisé l’Afrique, autant les colons occidentaux l’ont fait et de la plus mauvaise des matières…


Je regrette déjà que vous ne l’avez pas lu dans son entier mais votre réaction soulève un autre débat qui n’était pas au centre de mon objectif mais qui est un corollaire car pose la question de la légitimité du referendum sur le sud-soudan.  
Si c’est cette question qui doit être centrée, je dirais qu’il faudrait réveiller tous les démons qui ont rongé l’Afrique. Autant les arabes ont terrorisé l’Afrique, autant les colons occidentaux l’ont fait et de la plus mauvaise des matières… 




J’ai voulu à travers mon article posé la question de la légitimité du leadership africain sur la scène internationale, la position des états africains, la position de l’UA en tant que dépositaire de la légalité du continent. Le referendum du sud-soudan, ce n’est pas les africains qui en décident… ils ne sont même pas à financer encore moins, impliquer. Voila ce que je dénonce… Où sommes-nous ? Quand sommes-nous ??? en 1884 ? Où c’est à Berlin que se scellait notre sort… où sommes-nous aujourd’hui pour que ce soit l’ONU et Obama qui se prononcent sur la division du Soudan… Et la marche vers les Etats-Unis d’Afrique ??? et que dire des autres pays qui sont tentés de subir le même sort que le Soudan… regardons chez nous-mêmes au Cameroun, tout à côté au Nigeria, en RDC… etc. Voila en gros mon interpellation… nous continuons à subir pourtant nous nous situions il y a 9 ans dans une perspective d’autonomisation complète de l’Afrique face à l’occident et face au monde impérialiste voire au monde extérieur…


Je pense qu’il faut lire l’article jusqu’au fond pour comprendre que ce n’est pas de l’antagonisme arabe/soudanais qui est question ni de la légitimité explicative du referendum mais l’enjeu de ce referendum au moment où nous, contribuables africains, investissons tellement (en matières premières, dettes, prêts, etc…) pour soutenir la marche du continent vers les Etats-Unis d’Afrique bien que pour moi, en l’état de l’évolution des choses, ce n’est qu’un leurre d’autant plus l’égoïsme africain a pris le pas sur l’intérêt général continental.   
Voila en quelque sorte ce qui peut surgir de ma réaction immédiate… je vous exhorte à lire tout l’article…
Merci Monsieur pour cette réaction par rapport à mon article…

Article Afrique-Soudan: Réaction d'un de mes lecteurs...

Bonsoir Monsieur,
Je n'ai pas lu votre article dans son intégralité, mais je trouve assez curieux toute cette agitation que je juge exagéré sur le futur du Soudan.
Notre souhait est bel et bien celui de la préservation d'une Afrique uni, orienté vers une intégration plus forte, incluant le Soudan. Cela ne saurait en être autrement si nous voulons penser notre développement harmonieux respectueux du droit de tous les africains à la vie, et au respect de leur dignité.
Cette dignité de l'Homme Africain doit être respectée par tous, blancs, noirs, et arabes. Tout sans exception et sans discrimination aucune au nom de l'impératif de respect de quelque particularisme culturel, racial, linguistique.
J’en viens à cette précision pour relever qu'il y a trente ans, le peuple animiste et chrétien du sud-soudan a été humilié par la charia imposé par le Gouvernement de Khartoum sans considération aucune pour le respect du droit des sud soudanais à la vie et à l'équité socio-économique. OU ETAIENT LES ARABES POUR PLAIDER LA CAUSE DE CE PEUPLE DU SOUDAN.
Après des années de conflit et d'amorce de processus de paix connu de tous et prévoyant sous la bannière de l'ONU, médiateur accepté de tous, un référendum d'autodétermination, tout semblait serein tant qu'on savait que les dates étaient très lointaines. 2011 est là, laisser le peuple du sud-soudan se prononcer; c'est son droit le plus absolu; laissons leur droit de se déterminer après les décennies de frustration vécues. Pourquoi voulons-nous leur nier ce droit?
POURQUOI CHERCHER à voir une responsabilité des blancs de l'Onu lorsque nous savons que cette initiative ne vient que corriger la sauvagerie de traitement que des africains ont infligé à leur frère.
Je peux comprendre le désir des arabes de garder le pays frère du Soudan intègre, mais ne nous voilons pas les yeux en voulant réveiller les frustrations subies par les sud soudanais. Laissons l'ONU tranquille et continuons à demander aux africains dans leur ensemble d'être sages et d'éviter de voir dans le bonheur des autres leur malheur, nous pouvons préserver nos intérêts commun pour éviter de pleurer demain parce que Dieu aura décidé de sauver le pauvre que nous aurions frustré avant.
Cet avis n'engage que moi et je reste persuadé que tu pourrais me faire changer d'avis si tu m'apportes des arguments convainquant sortant de toute approche idéologico-religieuse.
J’attends votre réaction, je n’ai pas relu, je l'ai écrit à la hâte

dimanche 7 novembre 2010

Afrique-Soudan: Après le Congrès de Berlin de 1884, c’est désormais l’ONU qui définit la ré-partition de la carte d’Afrique.

Par Gilbert Rocheteau
Il y a bien plus de cinq décennies que l’Afrique cherche à soigner ses plaies du passé qui lui ont valu son dépècement sous forme de peau de panthère et qui dans ce processus, a porté à son paroxysme la barbarie coloniale, les guerres de souveraineté, l’apartheid, les génocides, des atrocités abjectes qu’aucune partie de notre univers n’ait autant subie.
Cela a duré depuis la Conférence de Berlin (1884-1885) sous l’égide du Chancelier Otto Van Bismarck jusqu’à nos jours où de nombreuses vies africaines se sont éteintes dans la conquête de la dignité de l’Homme noir, dans sa quête pour sa liberté mais aussi pour son autonomie inébranlable.

Chemin faisant entre la marche vers l’unité et l’impulsion vers l’union intégrale, des initiatives inédites amenées par des Africains de tout bord, la jeunesse et les mouvements estudiantins en particulier ont été entreprises pour accompagner le continent vers la voie de sa souveraineté totale et amorcer la cicatrisation des blessures occasionnées par le Congrès de Berlin.

Au moment où, manœuvré entre les querelles internes et les menaces extérieures ravitaillées par la manne naturelle dont dispose chaque pays du continent, des richesses naturelles, minières et minérales incommensurables, une aube arrive où le sort de l’Afrique se décide à New York, aux Nations Unies sous l’impulsion du nouveau homme fort du globe, notamment Barack Hussein Obama, ce fils du continent sur qui particulièrement l’Afrique et le monde aux heures de son élection aux USA ont reposé tout espoir de renaissance et de renouveau… Cet homme qui fut, il y a encore quelques temps le Prométhée, le prophète envoyé sur terre pour sauver l’humanité du poids de la misère apparaît tristement aux yeux du monde et aux yeux de nous autres citoyens africains avertis qui furent passionnés par le changement tant attendu de la politique expansionniste américaine et du yankisme, comme celui-là qui a décidé de sceller le sort de l’Afrique dans la division pour entraîner automatiquement sa perdition.

L’histoire très récente de l’Afrique explique cette lamentable évidence du continent africain. Le Soudan dans la mire d’une scission en deux états comme le pensent l’ONU et Barack Obama devrait à très court terme attiser les velléités sécessionnistes sur toute l’étendue du continent déjà que de nombreux antagonismes du genre sont en état d’hibernation depuis la mise en place des pseudos états lors des luttes pour l’indépendance pourtant la mouvance de 99 amenée par Mouammar Al Kadhafi n’espérait que l’avènement des Etats-Unis d’Afrique pour faire table-rase de toutes ces sombres années de guerres civiles et de division qu’a connues l’Afrique d’est en ouest, du nord au sud.

Pour mieux comprendre ce que le referendum sur la division du Soudan peut causer, il faut jeter un regard très attentif aux épineuses questions en état de somnolence dans de nombreux pays de l’Union africaine… à titre illustratif, la question des Berbères qui pourrit la vie politique algérienne depuis des années devrait refaire surface. Les berbères loin de rechercher la reconnaissance de l’identité berbère dans un pays dominé en grande partie par la culture arabe, devront poser la question de leur autodétermination, donc d’un referendum pour chercher à s’affranchir de la tutelle d’Alger… L’épineux problème du Sahara occidental avec le Maroc reste un contentieux sans issue et jusqu'à présent ni l’ONU ni les pays impliqués dans la résolution de ce problème, n’ont trouvé de véritables solutions… Bien qu’une légère accalmie se fasse sentir en Côte d’Ivoire, les séquelles de la division restent bien vivaces et tout reste permis d’imaginer – au cas où les politiques ne règlent pas leurs différends de la bonne des manières après les échéances électorales en cours – que le nord ivoirien ne tardera pas à réclamer son autonomie de la tutelle d’Abidjan. En Afrique centrale, le Cameroun n’est pas épargné avec cet appel incessant de la partie anglophone soit pour son ralliement au Nigeria ou sa scission du Cameroun francophone. Les plaies du génocide rwandais ne se sont pas encore cicatrisées et tout reste envisageable entre hutu et tutsi… En République Démocratique du Congo, au Nigeria, ces géants de l’Afrique noire, sont assis sur des braises et tout pourrait capoter en une fraction de seconde. Le Congo Démocratique est son propre ennemi, ses richesses minières et lui s’opposent, le peuple qui est assis sur une richesse intarissable vit la misère jamais égalée… la révolte populaire n’étant jamais loin et des régions minières comme le Katanga ne sont qu’à rêver d’une seule chose ; créer leur propre Etat… le Nigeria, pays où les religions chrétiennes et musulmanes sont constamment exposées à des tensions virulentes et barbares sans oublier également les tensions ethniques, les diversités linguistiques qui, au lieu de faire la richesse culturelle du pays demeure un leitmotiv pour déclencher des guerres tribales… sans oublier le pétrole nigérian qui ne profite qu’à une certaine classe et ouvre des brèches à des velléités sécessionnistes… Les exemples sont nombreux car l’Afrique est assise sur une poudrière. Celle-ci peut émaner d’une querelle ethnique ou tribale, d’une tension religieuse, d’une tension terrière, du déséquilibre du partage des biens et des services ou d’une crise raciale. C’est dire que l’ONU sait très bien quelle mèche tissée et qu’il suffirait d’un petit claquement d’un bâton d’allumettes pour agiter et bruler le continent déjà meurtri.

Barack Obama sait bien ce qu’il recherche lorsque du haut de la tribune des Nations Unies, il appelle le Soudan au vote de détermination. C’est clair, il jette l’opprobre sur l’aventurisme de notre Union Africaine créée pour accompagner l’Afrique dans son intégration.

On a par ailleurs du mal à percevoir la position africaine. Je veux dire d’une part l’Union Africaine elle-même en tant qu’organisation africaine qui garantit les intérêts africains, les leaders politiques africains, les chefs d’Etat de l’autre part… et je me demande où sont-ils ? Il apparait très clairement que les leaders Africains sont totalement loin des discussions qui consacreront la division du Soudan à travers le referendum prévu à cet effet.

L’Union Africaine, notre seul rempart, ce seul espoir des Africains reste inerte face aux velleités coloniales et impérialistes qui ne tardent pas à user le « bâton » lorsqu’elles recherchent ses débouchés économiques et industriels… le pétrole du sud Soudan en est une illustration… Le Sahara Occidental en est une autre puisqu’elle n’intéresse presque personne sauf le Maroc qui entendrait y prolonger son territoire et puisque le pétrole ou l’uranium ou autres ressources minières qui intéresseraient l’industrie coloniale n’y sont pas encore découvertes.

Pauvre Afrique… A quoi auraient servi les dix années de marche vers l’union et l’intégration africaine? Si le Soudan demain se dédouble, il faudrait espérer entendre dans les prochains mois les revendications sécessionnistes à caractère ethnique, économique, religieux et identitaire dans d’autres pays en Afrique. L’UA qui n’est même pas dans la condition de se positionner dans une question politique du genre dans un Etat du continent devrait continuer à perdre sa crédibilité et resterait cette coquille vide qui n’attend qu’une seul frappe de soulier pour s’émietter et remplir dans ce sens le cahier de charge stratégique des empires impérialistes qui ont juré par milles dieux la mort de l’aventure africaine pour son indépendance totale.

Attendu par l’ONU et Barack Obama au prochain référendum, le Soudan qui sans doute doit respecter l’aveu colonial va accompagner l’Afrique entière dans sa décrépitude. On doit s’attendre que les années à venir, je veux dire les siècles à venir devraient traduire le malaise empirique de l’Afrique connu dans le génocide, la barbarie, les guerres de rue et les rebellions.

Quant à l’Union Africaine qui se meurt du jour au lendemain, la marche de l’Afrique vers les Etats-Unis d’Afrique n’est plus qu’un triste souvenir et le rêve africain c’est le stoïcisme. Le seul souci pour l’instant c’est d’accepter autant que possible la situation du continent comme elle se présente au risque d’être interpellé par le Tribunal Pénal International et en l’état, dire à l’Afrique, à sa jeunesse, à tous ceux qui ont le souci de faire bouger les choses, halte… gare à quiconque lever la main ou ouvrir les yeux aux autres… le TPI est à vos trousses !

Plus rien ne donne à rêver ou à faire rêver en Afrique; l’espoir d’une renaissance africaine s’est enlisé et notre Afrique demeure la chasse gardée des forces coloniales et impérialistes.