mercredi 10 novembre 2010

Autant les arabes ont terrorisé l’Afrique, autant les colons occidentaux l’ont fait et de la plus mauvaise des matières…


Je regrette déjà que vous ne l’avez pas lu dans son entier mais votre réaction soulève un autre débat qui n’était pas au centre de mon objectif mais qui est un corollaire car pose la question de la légitimité du referendum sur le sud-soudan.  
Si c’est cette question qui doit être centrée, je dirais qu’il faudrait réveiller tous les démons qui ont rongé l’Afrique. Autant les arabes ont terrorisé l’Afrique, autant les colons occidentaux l’ont fait et de la plus mauvaise des matières… 




J’ai voulu à travers mon article posé la question de la légitimité du leadership africain sur la scène internationale, la position des états africains, la position de l’UA en tant que dépositaire de la légalité du continent. Le referendum du sud-soudan, ce n’est pas les africains qui en décident… ils ne sont même pas à financer encore moins, impliquer. Voila ce que je dénonce… Où sommes-nous ? Quand sommes-nous ??? en 1884 ? Où c’est à Berlin que se scellait notre sort… où sommes-nous aujourd’hui pour que ce soit l’ONU et Obama qui se prononcent sur la division du Soudan… Et la marche vers les Etats-Unis d’Afrique ??? et que dire des autres pays qui sont tentés de subir le même sort que le Soudan… regardons chez nous-mêmes au Cameroun, tout à côté au Nigeria, en RDC… etc. Voila en gros mon interpellation… nous continuons à subir pourtant nous nous situions il y a 9 ans dans une perspective d’autonomisation complète de l’Afrique face à l’occident et face au monde impérialiste voire au monde extérieur…


Je pense qu’il faut lire l’article jusqu’au fond pour comprendre que ce n’est pas de l’antagonisme arabe/soudanais qui est question ni de la légitimité explicative du referendum mais l’enjeu de ce referendum au moment où nous, contribuables africains, investissons tellement (en matières premières, dettes, prêts, etc…) pour soutenir la marche du continent vers les Etats-Unis d’Afrique bien que pour moi, en l’état de l’évolution des choses, ce n’est qu’un leurre d’autant plus l’égoïsme africain a pris le pas sur l’intérêt général continental.   
Voila en quelque sorte ce qui peut surgir de ma réaction immédiate… je vous exhorte à lire tout l’article…
Merci Monsieur pour cette réaction par rapport à mon article…

Article Afrique-Soudan: Réaction d'un de mes lecteurs...

Bonsoir Monsieur,
Je n'ai pas lu votre article dans son intégralité, mais je trouve assez curieux toute cette agitation que je juge exagéré sur le futur du Soudan.
Notre souhait est bel et bien celui de la préservation d'une Afrique uni, orienté vers une intégration plus forte, incluant le Soudan. Cela ne saurait en être autrement si nous voulons penser notre développement harmonieux respectueux du droit de tous les africains à la vie, et au respect de leur dignité.
Cette dignité de l'Homme Africain doit être respectée par tous, blancs, noirs, et arabes. Tout sans exception et sans discrimination aucune au nom de l'impératif de respect de quelque particularisme culturel, racial, linguistique.
J’en viens à cette précision pour relever qu'il y a trente ans, le peuple animiste et chrétien du sud-soudan a été humilié par la charia imposé par le Gouvernement de Khartoum sans considération aucune pour le respect du droit des sud soudanais à la vie et à l'équité socio-économique. OU ETAIENT LES ARABES POUR PLAIDER LA CAUSE DE CE PEUPLE DU SOUDAN.
Après des années de conflit et d'amorce de processus de paix connu de tous et prévoyant sous la bannière de l'ONU, médiateur accepté de tous, un référendum d'autodétermination, tout semblait serein tant qu'on savait que les dates étaient très lointaines. 2011 est là, laisser le peuple du sud-soudan se prononcer; c'est son droit le plus absolu; laissons leur droit de se déterminer après les décennies de frustration vécues. Pourquoi voulons-nous leur nier ce droit?
POURQUOI CHERCHER à voir une responsabilité des blancs de l'Onu lorsque nous savons que cette initiative ne vient que corriger la sauvagerie de traitement que des africains ont infligé à leur frère.
Je peux comprendre le désir des arabes de garder le pays frère du Soudan intègre, mais ne nous voilons pas les yeux en voulant réveiller les frustrations subies par les sud soudanais. Laissons l'ONU tranquille et continuons à demander aux africains dans leur ensemble d'être sages et d'éviter de voir dans le bonheur des autres leur malheur, nous pouvons préserver nos intérêts commun pour éviter de pleurer demain parce que Dieu aura décidé de sauver le pauvre que nous aurions frustré avant.
Cet avis n'engage que moi et je reste persuadé que tu pourrais me faire changer d'avis si tu m'apportes des arguments convainquant sortant de toute approche idéologico-religieuse.
J’attends votre réaction, je n’ai pas relu, je l'ai écrit à la hâte

dimanche 7 novembre 2010

Afrique-Soudan: Après le Congrès de Berlin de 1884, c’est désormais l’ONU qui définit la ré-partition de la carte d’Afrique.

Par Gilbert Rocheteau
Il y a bien plus de cinq décennies que l’Afrique cherche à soigner ses plaies du passé qui lui ont valu son dépècement sous forme de peau de panthère et qui dans ce processus, a porté à son paroxysme la barbarie coloniale, les guerres de souveraineté, l’apartheid, les génocides, des atrocités abjectes qu’aucune partie de notre univers n’ait autant subie.
Cela a duré depuis la Conférence de Berlin (1884-1885) sous l’égide du Chancelier Otto Van Bismarck jusqu’à nos jours où de nombreuses vies africaines se sont éteintes dans la conquête de la dignité de l’Homme noir, dans sa quête pour sa liberté mais aussi pour son autonomie inébranlable.

Chemin faisant entre la marche vers l’unité et l’impulsion vers l’union intégrale, des initiatives inédites amenées par des Africains de tout bord, la jeunesse et les mouvements estudiantins en particulier ont été entreprises pour accompagner le continent vers la voie de sa souveraineté totale et amorcer la cicatrisation des blessures occasionnées par le Congrès de Berlin.

Au moment où, manœuvré entre les querelles internes et les menaces extérieures ravitaillées par la manne naturelle dont dispose chaque pays du continent, des richesses naturelles, minières et minérales incommensurables, une aube arrive où le sort de l’Afrique se décide à New York, aux Nations Unies sous l’impulsion du nouveau homme fort du globe, notamment Barack Hussein Obama, ce fils du continent sur qui particulièrement l’Afrique et le monde aux heures de son élection aux USA ont reposé tout espoir de renaissance et de renouveau… Cet homme qui fut, il y a encore quelques temps le Prométhée, le prophète envoyé sur terre pour sauver l’humanité du poids de la misère apparaît tristement aux yeux du monde et aux yeux de nous autres citoyens africains avertis qui furent passionnés par le changement tant attendu de la politique expansionniste américaine et du yankisme, comme celui-là qui a décidé de sceller le sort de l’Afrique dans la division pour entraîner automatiquement sa perdition.

L’histoire très récente de l’Afrique explique cette lamentable évidence du continent africain. Le Soudan dans la mire d’une scission en deux états comme le pensent l’ONU et Barack Obama devrait à très court terme attiser les velléités sécessionnistes sur toute l’étendue du continent déjà que de nombreux antagonismes du genre sont en état d’hibernation depuis la mise en place des pseudos états lors des luttes pour l’indépendance pourtant la mouvance de 99 amenée par Mouammar Al Kadhafi n’espérait que l’avènement des Etats-Unis d’Afrique pour faire table-rase de toutes ces sombres années de guerres civiles et de division qu’a connues l’Afrique d’est en ouest, du nord au sud.

Pour mieux comprendre ce que le referendum sur la division du Soudan peut causer, il faut jeter un regard très attentif aux épineuses questions en état de somnolence dans de nombreux pays de l’Union africaine… à titre illustratif, la question des Berbères qui pourrit la vie politique algérienne depuis des années devrait refaire surface. Les berbères loin de rechercher la reconnaissance de l’identité berbère dans un pays dominé en grande partie par la culture arabe, devront poser la question de leur autodétermination, donc d’un referendum pour chercher à s’affranchir de la tutelle d’Alger… L’épineux problème du Sahara occidental avec le Maroc reste un contentieux sans issue et jusqu'à présent ni l’ONU ni les pays impliqués dans la résolution de ce problème, n’ont trouvé de véritables solutions… Bien qu’une légère accalmie se fasse sentir en Côte d’Ivoire, les séquelles de la division restent bien vivaces et tout reste permis d’imaginer – au cas où les politiques ne règlent pas leurs différends de la bonne des manières après les échéances électorales en cours – que le nord ivoirien ne tardera pas à réclamer son autonomie de la tutelle d’Abidjan. En Afrique centrale, le Cameroun n’est pas épargné avec cet appel incessant de la partie anglophone soit pour son ralliement au Nigeria ou sa scission du Cameroun francophone. Les plaies du génocide rwandais ne se sont pas encore cicatrisées et tout reste envisageable entre hutu et tutsi… En République Démocratique du Congo, au Nigeria, ces géants de l’Afrique noire, sont assis sur des braises et tout pourrait capoter en une fraction de seconde. Le Congo Démocratique est son propre ennemi, ses richesses minières et lui s’opposent, le peuple qui est assis sur une richesse intarissable vit la misère jamais égalée… la révolte populaire n’étant jamais loin et des régions minières comme le Katanga ne sont qu’à rêver d’une seule chose ; créer leur propre Etat… le Nigeria, pays où les religions chrétiennes et musulmanes sont constamment exposées à des tensions virulentes et barbares sans oublier également les tensions ethniques, les diversités linguistiques qui, au lieu de faire la richesse culturelle du pays demeure un leitmotiv pour déclencher des guerres tribales… sans oublier le pétrole nigérian qui ne profite qu’à une certaine classe et ouvre des brèches à des velléités sécessionnistes… Les exemples sont nombreux car l’Afrique est assise sur une poudrière. Celle-ci peut émaner d’une querelle ethnique ou tribale, d’une tension religieuse, d’une tension terrière, du déséquilibre du partage des biens et des services ou d’une crise raciale. C’est dire que l’ONU sait très bien quelle mèche tissée et qu’il suffirait d’un petit claquement d’un bâton d’allumettes pour agiter et bruler le continent déjà meurtri.

Barack Obama sait bien ce qu’il recherche lorsque du haut de la tribune des Nations Unies, il appelle le Soudan au vote de détermination. C’est clair, il jette l’opprobre sur l’aventurisme de notre Union Africaine créée pour accompagner l’Afrique dans son intégration.

On a par ailleurs du mal à percevoir la position africaine. Je veux dire d’une part l’Union Africaine elle-même en tant qu’organisation africaine qui garantit les intérêts africains, les leaders politiques africains, les chefs d’Etat de l’autre part… et je me demande où sont-ils ? Il apparait très clairement que les leaders Africains sont totalement loin des discussions qui consacreront la division du Soudan à travers le referendum prévu à cet effet.

L’Union Africaine, notre seul rempart, ce seul espoir des Africains reste inerte face aux velleités coloniales et impérialistes qui ne tardent pas à user le « bâton » lorsqu’elles recherchent ses débouchés économiques et industriels… le pétrole du sud Soudan en est une illustration… Le Sahara Occidental en est une autre puisqu’elle n’intéresse presque personne sauf le Maroc qui entendrait y prolonger son territoire et puisque le pétrole ou l’uranium ou autres ressources minières qui intéresseraient l’industrie coloniale n’y sont pas encore découvertes.

Pauvre Afrique… A quoi auraient servi les dix années de marche vers l’union et l’intégration africaine? Si le Soudan demain se dédouble, il faudrait espérer entendre dans les prochains mois les revendications sécessionnistes à caractère ethnique, économique, religieux et identitaire dans d’autres pays en Afrique. L’UA qui n’est même pas dans la condition de se positionner dans une question politique du genre dans un Etat du continent devrait continuer à perdre sa crédibilité et resterait cette coquille vide qui n’attend qu’une seul frappe de soulier pour s’émietter et remplir dans ce sens le cahier de charge stratégique des empires impérialistes qui ont juré par milles dieux la mort de l’aventure africaine pour son indépendance totale.

Attendu par l’ONU et Barack Obama au prochain référendum, le Soudan qui sans doute doit respecter l’aveu colonial va accompagner l’Afrique entière dans sa décrépitude. On doit s’attendre que les années à venir, je veux dire les siècles à venir devraient traduire le malaise empirique de l’Afrique connu dans le génocide, la barbarie, les guerres de rue et les rebellions.

Quant à l’Union Africaine qui se meurt du jour au lendemain, la marche de l’Afrique vers les Etats-Unis d’Afrique n’est plus qu’un triste souvenir et le rêve africain c’est le stoïcisme. Le seul souci pour l’instant c’est d’accepter autant que possible la situation du continent comme elle se présente au risque d’être interpellé par le Tribunal Pénal International et en l’état, dire à l’Afrique, à sa jeunesse, à tous ceux qui ont le souci de faire bouger les choses, halte… gare à quiconque lever la main ou ouvrir les yeux aux autres… le TPI est à vos trousses !

Plus rien ne donne à rêver ou à faire rêver en Afrique; l’espoir d’une renaissance africaine s’est enlisé et notre Afrique demeure la chasse gardée des forces coloniales et impérialistes.

mercredi 28 juillet 2010

N'Djaména: Allocution du Guide de la Révolution, Roi des Rois d’Afrique à la session d’ouverture du 12ème Sommet du Conseil de la Présidence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens.

"Au nom de Dieu, le Miséricordieux…
Mon cher frère, le Président Idriss Deby Itno,
Mes chers frères Présidents des Etats de la Communauté du Sahel et du Sahara… CEN-SAD ;

Tout d’abord en votre nom, je remercie infiniment notre frère le Président Idriss, le peuple tchadien et son gouvernement pour le bon accueil et les facilités pour la tenue de ce sommet à N’Djaména dans des conditions très satisfaisantes et sures. Nous le remercions également pour avoir réuni les conditions favorables afin de réaliser notre travail dans l’ombre de cette atmosphère fraternelle et très hospitalière.

Il m’est agréable de voir les changements à N’Djamena en me promenant dans la ville. J’ai remarqué qu’elle est en train de se développer. Les bâtiments en ruine et vieillissants commencent à disparaître au profit de nouvelles bâtisses. J’ai vu des Institutions financières… la banque de la Cen-sad et d’autres grandes banques avec leurs succursales… j’espère que cela doit produire les mêmes effets dans d’autres pays du Sahel et du Sahara. C’est ce que les masses, les peuples et les citoyens demandent. Ils demandent le développement, la paix, la stabilité, la dignité humaine, la fierté et l’indépendance économique et politique. C’est la revendication des peuples pour laquelle ils ont âprement luttés.

J’ai hautement apprécié la teneur du discours de mon frère le Président Idriss Deby et j’adhère à ses points de vue que nous devons considérer et nous y référer dans nos documents officiels.

Mon frère Idriss, je vous félicite pour ces réalisations qui commencent à apparaître à N’Djaména et dans tout le pays sous votre courageuse et sage direction malgré les nombreuses tentatives qui cherchent à porter atteinte à la stabilité du Tchad. Mais grâce à notre soutien, à votre courage et à l’adhésion du peuple tchadien, toutes ces tentatives sont restées vaines ; ce qui permet aujourd’hui au Tchad de suivre son chemin vers le développement et vers son édification.

J’apprécie également l’allocution de mon cher frère, le Roi Salem Qabaqibi, Roi de Savalou en République du Bénin qui nous a fait entendre la voix du peuple africain et la base populaire traditionnelle. Ces royaumes sont la véritable base sociale traditionnelle africaine. Ces royaumes et rois et leurs traditions africaines sont éternelles contrairement aux présidents et aux politiques qui changent.

Ô frères, nous sommes à la veille du sommet de l’Union africaine à Kampala. Ce que nous discutons lors de ce sommet, doit influer sur le sommet de Kampala car la Cen-sad représente la majorité écrasante de l’UA et sans les voix de la Cen-sad, l’UA ne parviendra pas à la majorité des 2/3 qui permet d’adopter toutes les décisions. Donc, la parole et la position de la Cen-sad ont une très grande importance et sont très influentes au niveau de l’UA.

Comme les décisions du sommet de la Cen-sad à N’Djamena seront influentes demain au sommet de Kampala, la création de la communauté de la Cen-sad aura été influente en Afrique. C’est elle qui rapproche et encourage la mise en place de l’UA. C’est-à-dire que la création de la Cen-sad a été un pas décisif et historique qui encourage la mise en place de l’UA juste au lendemain de sa propre création. Avant la Cen-sad, il y en avait beaucoup d’autres regroupements sans influence sur la politique africaine. C’est dire que la Cen-sad est aujourd’hui la base de l’Union africaine, la base pyramidale du continent africain. Comme vient de le souligner le frère Idriss dans son allocution, la Cen-sad s’étend de l’océan indien à l’océan atlantique et effectivement, elle s’étend des Iles Comores aux Iles de Sao Tomé et Principe. C’est cela la Cen-sad qui est la base de l’UA, même les experts de l’Afrique qui nous ont présentés leur rapport à Accra, n’ont pas souligné les points positifs pour les communautés africaines mais ils ont dit « on peut consulter le rapport – que la Cen-sad est l’unique communauté sur laquelle on peut compter en Afrique et c’est une communauté politique, économique et sociale et même idéologique... »

Nous voulons lors de cette rencontre ou cette séance, réfléchir sur nous-mêmes, sur notre valeur et le poids de notre communauté de la Cen-sad.

C’est une chose importante pour bien déterminer notre place et notre influence, chose qui aura un impact sur nous et sur les autres qui prennent en compte la communauté comme représentant la majorité écrasante sans laquelle nous n’atteignons aucun quorum à l’Union africaine. La communauté recèle de très importantes potentialités. Nous avons la volonté politique et aussi le besoin qui nous pousse à les exploiter pour une nouvelle vie prospère, digne sur les terres de la Cen-sad et en Afrique.

Nous sommes l’unique région en Afrique où se concentrent toutes les richesses contrairement aux autres presque dépourvues de ressources. Nous avons le pétrole, le gaz, l’eau, des fleuves, l’uranium, le fer, le cuivre, le phosphate, les ports sur mers et océans. Elle est plus proche de l’Europe que les autres régions. Nous avons les principales richesses animalières d’Afrique… peut-être la plus grande richesse animalière au monde se trouve dans la zone de la Cen-sad, la plus grande zone zoologique, d’élevage ainsi que les gisements de minerais que je viens de citer, sont là en quantités énormes.

A titre d’exemple, la Grande Jamahiriya, et Dieu dit- tu dois parler des Grâces de Dieu – la Jamahiriya libyenne a aujourd’hui, à cette heure, 90 milliards de USA$ en quête de marchés pour les investir. C’est une richesse pour la Cen-sad et une richesse pour l’Afrique.

Ce n’est pas de la propagande, ce sont des comptes dans les banques. Le marché libyen ne peut pas accueillir ces grands fonds. Il peut simplement accueillir une partie. Nous sommes tournés vers l’Afrique qui peut-être, pourra les accueillir et la communauté doit avoir la part du lion de ces fonds. Quand la Suisse a détruit les mosquées, nous avons retiré $7 milliards des banques suisses. Cette somme est encore entre nos mains à la recherche d’un marché autre que le marché suisse, pour les investir. Ceci nécessite une stabilité, une paix, une sécurité, une confiance et une vraie indépendance... une volonté politique et une absence de corruption.

Il ne doit pas y avoir une corruption dans l’administration et dans la politique. Il faut la stabilité, une sécurité, des institutions financières garanties qui accompagnent ces fonds et des projets utiles économiquement dans lesquels ces fonds seront investis.

C’est cela la vraie indépendance. C’est ce qui nous libérera du besoin et de tendre la main, la main de la mendicité qu’on tend aux autres qui nous la tordent et nous humilient en exigeant notre soumission envers eux afin de nous donner l’aumône.

Nous ne sommes pas créés comme ca… nous sommes leurs égaux sur terre et sous le soleil. Nos potentialités sont plus importantes que les leurs. Ils nous ont colonisés car ils avaient besoin de nous.

Pourquoi ont-ils colonisé l’Afrique ? Ils l’ont fait parce qu’ils avaient besoin de l’Afrique et de ses richesses. Ce qui veut dire que l’Afrique est riche et qu’ils sont pauvres.

Ceci exige une conscience politique africaine, une révolution africaine, un éveil africain, un éveil de conscience africaine, une conscience africaine et un débarras du complexe d’infériorité. Ils nous ont promis des milliards mais ils ne nous ont rien donné sauf l’ingérence dans nos affaires intérieures.

Mais ces 90 milliards, c’est notre argent et pas le leur. Ils sont entre nos mains, donc il faut mettre fin à la corruption, à l’insécurité et nous devons consolider la confiance entre nous afin de l’investir.

Sur le plan politique, nous allons vers le Sommet de l’Union africaine. Nous, la Cen-sad, avec ces grands moyens et cette grande majorité de sièges à l’Union africaine… nous avons un message que notre représentant le Président Idriss Deby Itno doit transmettre. Nous devons leur dire qu’il nous faut revenir aux décisions des sommets africains après la mise en place de l’Union africaine. Que nous exigeons leurs applications immédiates et le respect des engagements sans aucune déviation et sans aucun recul.

Depuis la mise en place de la commission que nous avions constituée sous la présidence de Museveni jusqu’à nos jours, nous parlons toujours de la nécessité d’accélérer la mise en place d’un gouvernement unioniste africain continental qui sera un outil pour appliquer nos décisions aux différents niveaux et un moyen pour exécuter notre politique économique, sociale et politique…

Nous œuvrons en tant qu’union et avant cela, en tant qu’organisation de l’unité africaine, sans un outil d’exécution. Nous avions un secrétariat qui existe jusqu’à maintenant… auparavant, il était appelé secrétariat et aujourd’hui on parle de commission et demain il sera appelé autorité ou autre chose…

Cependant, il reste le même : un simple secrétariat, des secrétaires, une commission… mais depuis 1963, nous n’avions pas constitué un outil fédéral continental africain qui applique les décisions des ministres dans tous les secteurs ou les décisions des sommets africains.

Après la mise en place de l’Union africaine, la nécessité de créer un outil exécutif fédéral s’est imposée. Nous avons voulu que le conseil exécutif prévu dans les statuts de l’UA… que cet outil ne soit pas composé uniquement comme il l’est aujourd’hui des ministres des affaires étrangères. Le mot exécutif veut dire une institution exécutive qui applique les décisions dans les domaines de l’agriculture, de la santé, de l’enseignement, tout ce qui vit sur terre, dans l’air en mer et dans tous les autres domaines que je n’ai pas cités… et vous diriez que tous ces domaines sont des prérogatives dévolues aux ministres des affaires étrangères…

Nous n’avons pas encore constitué un conseil exécutif, ni un gouvernement fédéral mais on évoque tant de fois la nécessité de la mise en place d’un gouvernement fédéral, l’accélération de l’unité du continent, sa défense de manière commune...

Nous allons leur soumettre les décisions des sommets africains et les décisions des conseils exécutifs composés des ministres des affaires extérieures. Nous sommes obligés de revenir sur toutes ces décisions qui parlent d’un gouvernement de l’union. Nous ne voulons pas renoncer à cette revendication.

En tout cas, si certains pays sont incapables ou si leur volonté n’est pas libre, ou s’il y a des pays dont la souveraineté est hypothéquée ou qui sont inconscients, nous ne devons pas les suivre car un jour ils reprendront conscience et comprendront et seront obligés de nous rejoindre.

Sans un gouvernement africain continental qui commence dès aujourd’hui, la réalisation de l’unité africaine même si cela exige des dizaines d’années, sans la création de cet outil qui doit se faire immédiatement, nous n’avons pas d’autres choix que l’application et le respect des décisions des sommets africains, des statuts de l’Union africaine… et celui qui refuse la mise en application de ces décisions doit assumer ses responsabilités car sa position est de ce fait, illégale.

Celui qui ne veut pas respecter les statuts est dans une position illégale et doit assumer ses responsabilités. Les statuts exigent l’unité immédiate du continent et l’accélération de celle-ci par la création d’un outil de réalisation et de défense du continent.

Les décisions existent. Elles seront soumises au sommet de l’UA par le Président Idriss Deby Itno, Président en exercice de la Cen-sad qui parlera en notre nom. Nous ne voulons pas perdre le temps ni entrer dans des attaques personnelles. Il n’est donc pas nécessaire que tous les présidents de la Cen-sad se rendent à Kampala. Nous prenons part à ce sommet, nous décidons et rédigeons notre message qui sera porté par notre représentant. Notre présence est sans importance puisque nous n’aurions plus autre chose à ajouter à notre déclaration.

Quant au thème retenu pour le sommet à savoir la santé maternelle et infantile, ce thème nous ne le débattrons pas car nous ne sommes pas l’UNICEF. C’est de son domaine de compétence. En tout cas, nous devons avoir confiance en nous-mêmes, en nos capacités. L’avenir sera prospère. Inchallah, pour nos enfants et nos petits enfants. Dieu nous a créés pour être libres, forts et pour l’adorer. Nous sommes des hommes libres et non des esclaves.

Vive l’Afrique unie et forte,
Vive la communauté Sahélo-saharienne base de l’Union africaine. »

lundi 28 juin 2010

La Chine et l’avenir géopolitique du Kirghizistan

À qui profite la révolution au Kirghizistan ?
La Chine et l’avenir géopolitique du Kirghizistan, par F. William Engdahl*

Poursuivant son analyse de la situation actuelle dans cette région très prisée, F. William Engdahl examine dans cette deuxième partie de son étude les intérêts géopolitiques de la Chine au Kirghizistan. La « révolution des tulipes » en 2005 s’explique, entre autres, par le renforcement des liens économiques entre les deux pays, relations vues d’un mauvais œil par Washington. Aujourd’hui, le poids économique de la Chine demeure sa plus puissante arme ; non seulement, il lui permet de reprendre une position de force au Kirghizistan, un élément crucial pour son expansion en Asie Centrale mais, surtout, lui offre l’occasion de contrebalancer les effets déstabilisateurs de la présence militaire états-unienne dans la région.



Le renforcement des liens économiques entre la Chine et le régime en faillite de l’ancien président kirghize Askar Akaiev est la raison principale pour laquelle Washington décida de lâcher son ex-allié Akaiev, après près d’une décennie de soutien. En juin 2001 la Chine, la Russie, l’Ouzbékistan, le Kazakhstan, le Tadjikistan et le Kirghizistan signaient l’acte de naissance de l’Organisation du traité de coopération de Shanghai. Trois jours après, Pékin officialisait un prêt important au Kirghizistan pour l’acquisition de matériel militaire [1].


Après le 11 septembre 2001, le Pentagone initiait ce que l’on a considéré comme le plus grand bouleversement dans le déploiement militaire états-unien à l’étranger depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. L’objectif était de positionner les forces états-uniennes en suivant un « arc d’instabilité », tout au long de la Méditerranée, de l’Afrique, du Moyen-Orient, du Caucase, de l’Asie Centrale et méridionale [2].

À l’époque, Akaiev proposa de céder au Pentagone sa plus grande base militaire de la région, celle de Manas. La Chine, qui partage une frontière avec le Kirghizistan, s’en alarma et, de concert avec la Russie, poussa l’Organisation du traité de coopération de Shanghai à s’y opposer et lança un appel au retrait des troupes présentes dans les bases états-uniennes d’Asie Centrale.

Selon le Wall Street Journal, la Chine engageait alors également des négociations secrètes pour l’établissement de sa propre base au Kirghizistan et pour des modifications frontalières, déclenchant une tempête politique contre Akaiev en mars 2002.

Philip Shishkin du Wall Street Journal notait : « Engageant une " diplomatie de la Route de la soie " et visant à la suppression des guérillas menées par les Ouïghours — dont le déclencheur se trouvait principalement dans le besoin urgent de liquidités pour enrayer la chute libre de l’économie intérieure — les prises de position d’Akaiev pour aligner son pays avec Pékin exaspérèrent Washington qui voyait dans la Chine un obstacle à son programme d’expansion stratégique. » [3].

Shishkin ajoutait : « Le point de vue états-unien sur cette dangereuse situation pouvait se résumer ainsi : “Étant donné la frontière longue de 1 100 kilomètres qui sépare la Chine et le Kirghizistan — et la présence états-unienne, déjà considérable en Ouzbékistan et au Tadjikistan voisins — la chute du gouvernement prochinois du président Akaiev, tombé en disgrâce, ne sera pas une mince victoire pour la " politique d’endiguement.” » [4].

À partir de ce moment, Washington lança un financement massif par l’entremise du National Endowment for Democracy et s’arma de l’aide de l’Albert Einstein Institution et de Freedom House, et même de celle du Département d’État et du FMI, pour finalement renverser, lors de la Révolution des tulipes en 2005, le régime d’Akaiev, qui n’inspirait plus confiance [5] [6]. Aujourd’hui, il parait logique que la Chine soit la puissance la plus intéressée par l’avenir politique du Kirghizistan. Sur environ 850 kilomètres, la frontière entre le Kirghizistan et la Chine longe la province sensible du Xinjiang.

C’est dans cette même province qu’en juillet 2009 éclatèrent les émeutes menées par les Ouïghours [7] et soutenues, d’une part, par le Congrès mondial ouighour, une organisation financée par les États-Unis et dirigée par « l’ancienne lavandière » Rebiya Kadeer, et, d’autre part, par l’ « ONG » de la Maison-Blanche qui se charge des changements de régime, le National Endowment for Democracy.

Également frontalier de la région autonome et instable du Tibet, le Xinjiang est un carrefour vital au sein du réseau de pipelines acheminant les ressources énergétiques en Chine depuis le Kazakhstan et, à terme, depuis la Russie. Le Xinjiang abrite quant à lui d’importantes réserves de pétrole, indispensables à la consommation domestique de la Chine[8].


La frontière entre le Kirghizistan et la Chine est poreuse et le flux de personnes circulant entre le Xinjiang chinois et le territoire kirghize est considérable. On estime à 30 000 le nombre de ressortissants chinois vivant au Kirghizistan, parmi lesquels des populations ouïghours. Près de 100 000 Kirghizes vivent au Xinjiang.


En bref, les avant-postes militaires états-uniens au Kirghizistan ont bien plus de conséquence pour la sécurité nationale chinoise que les modestes renforts envoyés dans les zones de combat en Afghanistan. Pour les agences de renseignement états-uniennes et pour le Pentagone, c’est un terrain idéal pour mener des opérations clandestines de déstabilisation dans le Xinjiang, une province si fragile politiquement et tellement vitale pour la stratégie chinoise. Cette circulation transfrontalière offre une parfaite couverture aux activités d’espionnage états-uniennes et pour d’éventuels sabotages [9] .

Selon l’ancien ambassadeur indien K. Gajendra Singh, maintenant retiré de ses fonctions et à la tête de la Fondation pour les études indo-turques à New Delhi, le régime de Bakiev, en permettant aux forces militaires états-uniennes d’utiliser la base aérienne de Manas et en leur fournissant, entre autres, des équipements électroniques de haute technologie, leur facilite la surveillance les bases militaires et les principaux sites de lancement de missiles du Xinjiang chinois [10].

Créé récemment par le Pentagone officiellement pour approvisionner les zones de combat afghanes, le réseau de distribution du Nord (NDN, Northern Distribution Network) s’ajoute aux préoccupations de Pékin au sujet des opérations états-uniennes au Kirghizistan.

Le réseau de distribution de Nord traverse le Tadjikistan, l’Ouzbékistan et le Kirghizistan. Nombreux sont ceux au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai à suspecter le Pentagone de vouloir utiliser ce réseau pour générer des attaques simultanées par des groupuscules, tels que le « Mouvement islamique d’Ouzbékistan » ou l’« Union du Jihad islamique » et l’obscur mouvement Hizb ut-Tahir, tous confinés dans la vallée de Ferghana répartie sur les trois États traversés par le NDN [11].

Pékin n’est pas un observateur passif des événements kirghizes. Clairement, la Chine s’apprête à jouer sa meilleure carte, la carte économique, pour s’assurer des relations plus étroites et bien plus amicales avec le nouveau gouvernement kirghize, quel qu’il soit.

En juin 2009, lors d’une assemblée de l’Organisation de coopération de Shanghai à Ekaterinbourg en Russie, le président chinois Hu Jintao a promis un fonds de 10 milliards de dollars pour un programme d’aide à venir, destiné aux Nations-membres d’Asie Centrale : le Kazakhstan, le Tadjikistan, l’Ouzbékistan et le Kirghizistan. Rien de ce qu’a promis Washington aux Kirghizes ne s’approche un tant soit peu de ces sommes.

Dans l’une de ses premières déclarations, le porte-parole de Parlement provisoire kirghize, Omourbek Tekebaïev a affirmé devant les médias russes que son pays considère la Chine comme l’un de ses alliés stratégiques : « Notre politique étrangère va changer… La Russie, le Kazakhstan et nos autres voisins, y compris la Chine, resteront nos partenaires stratégiques. » [12].

Or, il existe un projet que le partenaire stratégique chinois est susceptible de vouloir hâter pour l’établissement de relations plus étroites. En effet, Pékin a déjà annoncé la construction d’un immense réseau ferré à grande vitesse en Eurasie.

Le ministre des Chemins de fer chinois a dévoilé l’un des projets les plus ambitieux du monde contemporain. Traversant le Kirghizistan, les lignes ferroviaires s’étendront à terme du Xinjiang jusqu’en l’Allemagne, et même jusqu’à Londres vers 2025.


Le projet inclut en effet la possibilité que le réseau ferroviaire Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan soit relié au réseau nodal eurasiatique de lignes à grande vitesse.

La Chine est également en train de construire douze nouvelles autoroutes pour rendre les économies du Kirghizistan et de ses voisins dépendantes d’un réseau routier moderne relié au Xinjiang. Dans une certaine mesure, la militarisation états-unienne du Kirghizistan devient une réelle menace pour la sécurité nationale chinoise. La riposte économique de la Chine pour accroître sa présence dans le pays est maintenant bien enclenchée [13].

Comme pour expliciter un peu plus encore les préoccupations chinoises à propos de la stabilité de son voisinage, Pékin a récemment renforcé ses activités économiques en Afghanistan.

Si des tensions apparaissent entre le président afghan Hamid Karzaï et l’administration Obama, les relations se réchauffent visiblement entre Karzaï et Pékin. Le 24 mars dernier à Pékin, Karzaï et le président chinois Hu Jintao ont signé de nouveaux accords sur les échanges et les investissements, et se sont accordés sur le renforcement de la coopération triangulaire avec le Pakistan, un allié traditionnel de la Chine.


Les accords du 24 mars porteraient sur les investissements chinois en Afghanistan dans les domaines de l’énergie hydraulique, des activités minières et ferroviaires, des travaux publics et dans d’autres projets liés à l’énergie.

La Chine est déjà le premier investisseur de l’économie afghane. En 2007, la Metallurgical Group Corporation, une grande entreprise publique chinoise, a remporté un contrat d’investissement de 3,5 milliards de dollars pour l’exploitation de la mine de cuivre d’Aynak en Afghanistan, sur l’un des gisements les plus importants du monde [14].

Les entreprises chinoises s’intéressent également à la possibilité d’exploiter en Afghanistan les réserves d’hydrocarbures, estimées à 1,6 milliards de barils de pétrole et 440 milliards de mètres cubes de gaz, ainsi que les gisements de divers métaux dont l’or et le minerai de fer [15].

Pour la Chine, l’Afghanistan et le Pakistan sont deux éléments tout aussi vitaux dans son réseau de distribution et d’échanges vers l’Iran. Pékin vient d’achever la construction d’infrastructures portuaires à Gwadar au Pakistan, qui lui permettront d’acheminer 60 % de ses importations de pétrole du Proche-Orient. La Chine projette en outre de connecter le port de Gwadar à la province du Xinjiang en passant par l’Afghanistan, afin d’assurer l’approvisionnement en ressources énergétiques nécessaires à son économie en pleine expansion. C’est dans ce contexte global que la stabilité politique au Kirghizistan est essentielle à la Chine [16].

Dans notre prochaine partie, nous examinerons l’importance capitale du Kirghizistan pour la Russie en termes géopolitiques. La Russie occupe la place du deuxième joueur dans cette nouvelle partie d’échecs tridimensionnelle pour le contrôle du continent eurasiatique et de son avenir politique et économique.

Source: http://www.voltairenet.org/article165890.html

F. William Engdahl
Journaliste états-unien, il a publié de nombreux ouvrages consacrés aux questions énergétiques et géopolitiques. Derniers livres parus en français : Pétrole, une guerre d’un siècle : L’ordre mondial anglo-américain (Jean-Cyrille Godefroy éd., 2007) et OGM : semences de destruction : L’arme de la faim (Jean-Cyrille Godefroy éd., 2008).

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[1] John C. K. Daly, Sino-Kyrgyz relations after the Tulip Revolution, Washington, The Jamestown Foundation, China Brief, 7 juin 2005.


[2] Philip Shishkin, « In Putin’s Backyard, Democracy Stirs – With U.S. Help », The Wall Street Journal, 25 février 2005.

[3] Ibid.

[4] Ibid.

[5] Ibid.

[6] Sur ces organisations, lire : « La NED, nébuleuse de l’ingérence "démocratique" », « L’Albert Einstein Institution : la non-violence version CIA » et « Freedom House : quand la liberté n’est qu’un slogan », Réseau Voltaire, 22 janvier 2004, 4 juin 2007 et 7 septembre 2004.

[7] « Que se passe-t-il dans le Xinjiang ? », par Domenico Losurdo, Réseau Voltaire, 12 juillet 2009.

[8] F. William Engdahl, Washington is Playing a Deeper Game with China, Voltaire Network, 13 juillet 2009, non traduit.

[9] K. Gajendra Singh, Geopolitical Battle in Kyrgyzstan over US Military Lilypond in Central Asia, New Delhi, 11 avril 2010.

[10] Ibid.

[11] Cornelius Graubner, Implications of the Northern Distribution Network in Central Asia, Central Asia-Caucasus Institute, Johns Hopkins University, 1er septembre 2009.

[12] John C.K. Daly, op. cit.

[13] Roman Muzalevsky, "The Implications of China’s High-Speed Eurasian Railway Strategy for Central Asia", Eurasian Daily Monitor, Vol. 7, numéro 64, 2 avril 2010.

[14] Afghanistan Ministry of Mines, Aynak Copper Project is Inaugurated in a Glorious Ceremony, 9 juillet 2009.

[15] Roman Muzalevsky, The Economic Underpinnings of China’s Regional Security Strategy in Afghanistan, Eurasia Daily Monitor, Vol. 7 Numéro 75, 19 avril 2010.

[16] Ibid.














dimanche 20 juin 2010

Tchad : les fondations de la Grande muraille verte.

Linternationalmagazine.com, publié le 18/06/2010


Onze pays africains, réunis pour un premier sommet sur le sujet, ont rappelé jeudi à N’Djamena leur engagement à développer la Grande muraille verte qui doit, à terme, enrayer l’avancée du désert.


La Grande muraille, une large bande de verdure, suivra un tracé de plus de 7.100 km entre Dakar à Djibouti à travers ces onze pays (Burkina Faso, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Soudan et Tchad).

"La GMV devrait voir le jour d’ici 3 à 5 ans selon les pays", a affirmé Abakar Mahamat Zougoulou, coordinateur tchadien de l’événement, précisant que certains pays comme le Sénégal était plus avancé que d’autres. "Aucun budget n’a été défini", pendant le sommet de N’Djamena, qui doit déboucher sur la création de l’Agence panafricaine de la Grande Muraille Verte, a-t-il ajouté.

"La grande muraille verte est un projet conçu par les Africains pour les Africains et pour les générations futures. C’est une contribution de l’Afrique à la lutte contre le réchauffement climatique", a affirmé le président tchadien Idriss Deby Itno. "Cette initiative, si c’est un sacrifice, il faut le consentir pour les générations futures", a-t-il lancé, rappelant que "le continent africain qui émet le moins de gaz à effets de serre, est l’un de plus vulnérables aux effets néfastes du changement climatique".

Il a ainsi demandé à la communauté internationale "d’accompagner les pays de la Grande muraille verte dans cette œuvre d’importance capitale".

"Le désert est un cancer qui progresse on doit le combattre. C’est pour cela que nous avons décidé ensemble de mener cette bataille titanesque" a déclaré le président sénégalais Abdoulaye Wade, un des initiateurs du projet. "Avec la Grande muraille, nous avons en perspective l’arrêt du désert mais au-delà la colonisation du désert", a-t-il assuré, ajoutant que "nous n’avons plus le droit de regarder impuissamment la destruction de l’Afrique".

"Cette entreprise est la première manifestation volontaire pour lutter contre ce fléau" de l’avancée du désert, a souligné le président sénégalais.

Après celle de 2005, la bande sahélienne est actuellement touchée par une grave crise alimentaire qui est la pire de 30 dernières années, selon plusieurs observateurs qui soulignent que petit à petit le désert grignote les terres fertiles.

La communauté internationale suit le projet de près et le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) a promis jeudi une aide. "Nous affectons une allocation à chacun de vos pays. Le niveau de cette allocation varie en fonction du pays. Le montant varie de 6,6 millions de USD (5,3 millions euros) à 23 millions USD (18,7 millions euros). Le montant cumulé d’aide du FEM pour la Grande muraille verte s’élève à environ 119 millions de dollars (environ 97 millions euros)", a affirmé Monique Barbut, présidente du FEM. "Au-delà du financement direct, le FEM pourra servir de catalyseur pour encourager d’autres bailleurs à s’intéresser à la Grande muraille verte", a-t-elle espéré.

En 2007, le projet a été "entériné par l’Union africaine (UA) qui en a fait une réponse de l’Afrique au problème de la désertification", selon le ministre tchadien de l’Environnement, Hassan Terapun. Les onze pays veulent d’ailleurs impliquer leurs voisins septentrionaux, comme l’a souligné le président Deby en appelant les "pays du bassin forestier (du Congo) de se joindre aux pays de la grande Muraille verte, car la désertification du Sahel provoquera la disparition du bassin forestier du Congo".

Le Bassin du Congo est considéré comme le deuxième poumon de la planète après l’Amazonie.



mercredi 2 juin 2010

La Chronique de Dominique Jourdain : lorsque le sionisme est arrêté les mains dans le sac…

La bavure israélienne dans les eaux internationales ne fait plus l’unanimité tant la gravité de celle-ci démontre continuellement aux yeux du monde la cruauté inhumaine dont est capable l’état juif.

Les médias se font largement l'écho de l'acte de piraterie meurtrier accompli par l'entité sioniste de nuit, à la manière des chacals, contre une flottille humanitaire désarmée. Y aurait-il enfin prise de conscience de la part des faiseurs d'opinion?

Je ne le crois pas. Le choix des mots, d'abord: on parle de «pro-palestiniens» et non pas d' «humanitaires». On se plaît à parler aussi de « provocation ». Or, les personnes qui ont accepté de participer à cette livraison de produits nécessaires en abandonnant « travail, famille, et études », ne sont pas des « militants pro-palestiniens » c'est-à-dire des protagonistes, prenant partie contre un Etat. Il s'agit d'humanistes venus d'horizons divers, qui sont soucieux de témoigner de leur solidarité à l'égard de leurs frères humains qui vivent dans l'injustice et de montrer au monde cette injustice.

Le président nobélisé Obama, englué dans la pollution pétrolière, n'a guère brillé alors que tous les regards étaient tournés vers lui. Il n'a pas daigné dénoncer le comportement de son allié, tout au plus a-t-il demandé une enquête, comme s'il pouvait y avoir doute, l'agression ayant eu lieu dans les eaux internationales. On se souvient des mots du Guide Mouammar Al-Kadhafi qui rappelait il y a quelques jours le sort qui avait frappé Kennedy après avoir menacé l'Etat Juif d'inspection de son site nucléaire. Le courage n'est pas l'apanage du Maître du Monde.

jeudi 27 mai 2010

L’accord irano-turco-brésilien : un tournant dans les relations internationales ?

 par Mohamed Tahar Bensaada 
24 mai 2010

Même si la manœuvre américaine visant à imposer une nouvelle vague de sanctions contre l’Iran risque de passer avec l’aval des autres membres permanents du Conseil de sécurité, la déclaration commune irano-turco-brésilienne au sujet de la proposition d’échanger l’uranium enrichi iranien en territoire turc constitue un tournant non négligeable dans les relations internationales.

En effet, pour la première fois depuis la fin de la guerre froide, deux nations émergentes du sud se distinguent de manière spectaculaire sur la scène internationale en prenant franchement leur distance à l’égard des grandes puissances sur un dossier particulièrement épineux ayant pour théâtre la région explosive du Moyen Orient.

Pour bien mesurer l’importance de ce tournant diplomatique, il ne faut pas seulement considérer le résultat à court terme. Les enjeux stratégiques et diplomatiques à moyen terme sont autrement plus significatifs surtout si on les rapporte aux tendances profondes qui travaillent l’ensemble de la région et contribuent ainsi à restructurer son espace géopolitique de manière contradictoire et instable.

Un tournant diplomatique

En politique internationale, les faits et les intérêts importent plus que les sentiments et les arrière-pensées des acteurs diplomatiques. Le fait que la Turquie et le Brésil se soient avancés sur un terrain glissant en se portant garants d’une possible solution diplomatique négociée à un problème aussi épineux constitue en soi un évènement diplomatique d’une grande portée. D’une part, il permet à l’Iran d’enregistrer une victoire diplomatique même si celle-ci risque malheureusement d’être annihilée par l’intransigeance américaine.

En effet, en mobilisant à ses côtés deux grandes nations du sud qui passent pour être amies des USA (la Turquie est membre de l’OTAN et entretient des relations privilégiées avec Israël, le Brésil est quant à lui engagé dans un vaste programme d’intégration industrielle et militaire avec son grand voisin du nord), l’Iran a su montrer qu’il n’était pas si isolé sur la scène internationale et que son intransigeance apparente sur ce dossier ne fait que refléter l’aspiration légitime et commune à toutes les nations du sud à un développement de capacités technologiques et nucléaires à des fins civiles.

D’autre part, cet évènement permet de voir sous un angle nouveau la politique suivie par les nouvelles puissances régionales émergentes au sud. Ce n’est pas parce qu’elles ne reproduisent pas le schéma dissident du Venezuela de Chavez que ces puissances ont abdiqué leur rôle international et abandonné leurs intérêts stratégiques.

Contrairement à une lecture superficielle, la scène internationale est d’une telle complexité qu’elle permet désormais une certaine marge de manœuvre à des acteurs moyens qui ne sont pas obligés d’adopter une ligne de rupture radicale à l’égard de la superpuissance américaine pour affirmer leurs intérêts propres. Mieux, c’est parce qu’elles entretiennent une relation de coopération privilégiée avec les USA et avec les Etats dissidents comme l’Iran que ces puissances moyennes ont plus de chance de réussir une médiation diplomatique qui serve leurs intérêts commerciaux et stratégiques et consolide leur nouveau statut international.

L’accord tripartite irano-turco-brésilien ne doit pas être lu de manière unilatérale. Certes, la Turquie et le Brésil ont envoyé à l’Iran une bouée de sauvetage inespérée. Mais ces deux puissances moyennes émergentes ne l’ont pas fait pour les beaux yeux de l’Iran. Elles ont aussi énormément à gagner sur les plans stratégique et commercial dans une région vitale pour le système mondial. Ce n’est pas un hasard si l’intervention diplomatique inattendue de la Turquie et du Brésil a d’abord importuné les puissances en perte de vitesse sur ce dossier comme la France et l’Allemagne.

Les paradoxes de l’accord

En effet, l’accord irano-turco-brésilien cache plus d’un paradoxe. A court terme, les Américains ne pouvaient que sauter par-dessus cet accord tout en déclarant qu’il constitue un « pas positif ». Le contraire aurait été trop simple. Les Etats-Unis ne pouvaient abdiquer aussi facilement leur rôle dans cette crise sans se discréditer et sans alarmer leur allié intime israélien qui a réagi de la manière la plus hostile à l’accord en question. Mais si on considère les choses à plus long terme, les choses seraient plus nuancées. L’accord irano-turco-brésilien, s’il sert objectivement les intérêts stratégiques de ces trois nations, ne constitue pas pour autant un défi majeur aux intérêts stratégiques américains à long terme.

Les Américains sont bien conscients que le monde unipolaire auquel ont rêvé certains de leurs compatriotes au lendemain de la chute du mur de Berlin s’est brisé à l’épreuve des réalités géopolitiques. S’il y avait un quelconque doute à ce sujet, le bourbier dans lequel se trouvent les Américains au Moyen-Orient a fini par le dissiper.

Non seulement les Américains ne refusent pas l’intervention et la coopération des autres acteurs internationaux à leurs côtés en Irak et en Afghanistan mais ils en sont des demandeurs explicites. Mais il ne s’agit ni d’un retour au monde bipolaire de la guerre froide ni d’un équilibre multipolaire tel qu’on l’aurait souhaité pour la paix et la prospérité du monde. Il s’agit d’une période transitoire marquée par un désordre calculé et contenu dans lequel les Etats-Unis cherchent à jouer les premiers rôles au détriment des autres concurrents et rivaux mais sans les exclure totalement du grand jeu.

Bien entendu, dans la perception stratégique américaine, la scène internationale n’est pas uniforme. Il y a les puissances amies comme la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne avec lesquelles il peut y avoir une concurrence et une rivalité d’intérêts et donc parfois des divergences économiques et/ou diplomatiques et il y a des puissances comme la Russie et la Chine avec lesquelles on est bien obligé de gérer des intérêts et des dossiers internationaux d’intérêt commun tout en continuant à craindre leur développement technologique et militaire. Et il y a enfin les puissances moyennes émergentes (Inde, Turquie, Brésil) qui réclament une plus grande place dans le concert des nations. Dans ce jeu serré pour la puissance, paradoxalement, ce n’est pas l’Amérique qui risque de s’offusquer des réclamations des nouvelles puissances émergentes tant elle reste loin par rapport à leur niveau de développement.

En revanche, en jouant sur cette compétition internationale, l’Amérique peut arriver à neutraliser les ambitions des uns et des autres sur la scène internationale. De ce point de vue, l’accord irano-turco-brésilien peut être lu de deux façons à Washington. Certes, cet accord permet à l’Iran de s’en sortir à bon compte. C’est ce qui dérange la diplomatie américaine. Pour cette dernière, il n’est pas question de récompenser l’intransigeance iranienne. Mais une autre lecture est possible. Cet accord a permis de sortir du jeu la Russie et la France punies par Téhéran pour s’être trop compromises avec Washington dans le système de sanctions imposées à l’Iran. En outre, cet accord permet à deux puissances émergentes « amies » d’entrer (pour le Brésil) ou de consolider sa position (pour la Turquie) dans la région vitale du Moyen Orient.

Les enjeux cachés

Mais comment expliquer dans ces conditions l’intransigeance de la position américaine et notamment l’empressement avec lequel Hilary Clinton a commencé les manœuvres diplomatiques en vue d’arracher l’accord de Moscou et Pékin en vue d’imposer une nouvelle vague de sanctions contre l’Iran au risque de froisser leurs alliés turc et brésilien ? Les Américains ont pris prétexte d’une déclaration du président iranien qui aurait affirmé la volonté de son pays de continuer à enrichir l’uranium pour justifier leur position. Mais ce prétexte ne saurait cacher l’essentiel.
Dans la configuration géopolitique régionale actuelle, ce n’est pas tant la question de l’enrichissement de l’uranium que la question de la position de Téhéran à l’égard du projet du « nouveau grand Moyen Orient » à l’ombre de la pax americana qui focalise l’attention des états-majors américains et israéliens. Sans sacrifier aux discours idéologiques des uns et des autres en pareilles circonstances, force est de reconnaître que dans son ambition de conquérir un statut géopolitique régional à la hauteur de son poids historique, démographique et économique, l’Iran prône une politique et joue un jeu qui contrarient la volonté de domination israélienne et américaine- même s’ils contrarient par la même occasion d’autres intérêts et d’autres Etats- dans cette région vitale du monde.
En décidant de pousser le Conseil de sécurité vers l’aggravation du système de sanctions visant l’Iran, Washington risque de perdre un peu plus sa crédibilité diplomatique. Comment justifier le refus d’un accord qui est arrivé à arracher à l’Iran ce que les Américains lui demandaient il y a quelques mois sans avouer en même temps leur mauvaise foi ? Certes, en choisissant l’escalade diplomatique avec Téhéran, Washington réussira peut-être à dépasser sa mésentente momentanée avec son allié israélien sur le dossier iranien, ce qui n’est pas rien dans cette conjoncture marquée par la reprise des négociations indirectes israélo-palestiniennes. Mais rien ne garantit qu’un tel cadeau de la part de l’administration Obama atteindra l’objectif escompté, à savoir un fléchissement du gouvernement israélien sur la question palestinienne.
S’il venait à être adopté et appliqué, le nouveau système de sanctions proposé par les Américains à l’encontre de l’Iran (stipulant notamment l’interdiction de l’exportation de huit types d’armement « lourds » qui font partie intégrante de tout système défensif digne de ce nom puisque cela va du char à l’avion de combat en passant par les pièces d’artillerie et les missiles anti-aériens) serait d’une telle gravité qu’il ne pourrait laisser ce pays inactif.

Jusqu’ici le régime iranien a réussi à éviter un trop grand décalage entre ses intérêts politiques étroits et les intérêts stratégiques de l’Iran en tant que nation. Les conséquences désastreuses du nouveau système de sanctions sur les capacités de défense nationale du pays risquent de mettre les élites politiques et militaires de la république islamique devant de sérieux dilemmes. Si une crise interne n’est pas à exclure comme le souhaiteraient les Occidentaux, il est aussi probable que l’Iran réponde à l’escalade américaine par le durcissement de sa politique dans la région et on sait qu’il en a les moyens.

Mais jusqu’où peut-il aller sans tomber dans un aventurisme dangereux pour sa propre sécurité nationale ? Pour baliser la voie à un « processus de paix » non seulement injuste mais surtout irréaliste et satisfaire les désirs impossibles de leur allié « spécial » israélien, les Etats-Unis sont-ils prêts à aggraver le cauchemar quotidien de leurs soldats engagés dans le bourbier d’Irak et d’Afghanistan ?

Source: http://www.oumma.com/L-accord-irano-turco-bresilien-un

mercredi 19 mai 2010

Message du Chef de l'Etat à la Nation

A l'occasion de la célébration des Cinquantenaires de l'Indépendance et de la Réunification du Cameroun, le Chef de l'Etat, S.E.M. Paul BIYA, a adressé un message à la Nation.

"Camerounaises, Camerounais,

Mes chers compatriotes,

Le 31 décembre dernier, je vous ai annoncé que nous célébrerions cette année le Cinquantenaire de notre indépendance, prélude à notre réunification, et que les commémorations trouveraient leur apothéose lors de notre Fête Nationale.

C’est en ouverture à ces événements que je m’adresse à vous ce soir pour dégager la signification et la portée de l’accession de notre pays à la souveraineté.

Le 1er janvier 1960, nous devenions INDEPENDANTS. Cela signifiait que nous prenions en mains notre propre destin, que nous devenions responsables de la conduite de nos affaires, que nous aurions à répondre de nos actes devant l’Histoire.

Quelle était alors la situation de notre peuple ? La plupart d’entre nous se reconnaissaient davantage comme membres de leur communauté d’origine que comme citoyens d’une même nation, ce qui n’avait rien de surprenant compte tenu de notre passé quasi-colonial. Et pourtant, depuis que la deuxième guerre mondiale avait sonné le glas des empires coloniaux, de jeunes nationalistes avaient fait le rêve incertain de la liberté. Disons le clairement, leur combat, pour certains leur sacrifice, aura été pour beaucoup dans l’accomplissement du droit de notre peuple à disposer de lui-même. C’est pourquoi, je le répète, nous devrons leur être éternellement reconnaissants.

Et notre pays ? Délimité par des frontières arbitraires, mal matérialisées, composé d’une mosaïque de circonscriptions administratives, dépourvu de grands axes de communication, économiquement replié sur lui-même, si l’on excepte les cultures de rente destinées à l’exportation, sous-équipé en infrastructures scolaires et de santé, il s’agissait plus d’un agrégat de territoires, différents par la langue, les coutumes, la religion, l’organisation tribale, etc. A quoi s’ajoutaient les particularismes hérités de trois modes dissemblables de colonisation.

Etions-nous une nation ? Pas encore, puisqu’il nous faudrait attendre la réunification avec nos frères du Cameroun occidental et faire naître ce « désir de vivre ensemble » qui caractérise une nation.

Etions-nous un état ? En droit, oui puisque nous étions affranchis de la tutelle et reconnus par la communauté internationale. Mais dans la réalité, la tâche restait immense.

Former une nation, construire un état, tel était le double défi auquel nous étions donc confrontés dès notre accession à la souveraineté.

Le premier n’était pas le plus facile à relever, car il échappe au volontarisme. Il doit émaner de la conscience collective des citoyens et ne peut naître que de la lente maturation d’une histoire commune. Voyez les vieilles nations européennes, elles ont toutes mis des siècles à se constituer, le plus souvent à travers les épreuves. En ce qui nous concerne, le processus a été plus rapide et, même s’il doit être sans cesse conforté, il est incontestable qu’il existe aujourd’hui une NATION CAMEROUNAISE et que son unité est notre bien le plus précieux.

Construire un état n’a pas été non plus une tâche aisée. Au début, nous manquions de cadres qualifiés et il a fallu faire avec le personnel disponible. L’enthousiasme et le dévouement ont parfois suppléé le manque d’expérience et de compétence. Mais, assez vite, la création de l’ENAM, qui vient elle-même de célébrer son cinquantenaire, a permis de doter notre administration des moyens humains nécessaires pour maîtriser le fonctionnement de l’Etat et s’approprier les mécanismes du développement. On peut dire aujourd’hui qu’à côté des institutions politiques le Cameroun dispose d’une administration d’Etat qualifiée et répondant à ses besoins.

Pour un peuple comme le nôtre, l’idée d’indépendance et donc de liberté est inséparable de celle de démocratie. Sans qu’il soit question ici de refaire l’historique des événements qui ont précédé et suivi notre indépendance, il est permis de dire que les conditions qui prévalaient alors peuvent expliquer (je ne dis pas justifier) le recours à des formes autoritaires de gouvernement. Mais il était prévisible que les choses étaient appelées à changer.

Vous vous souviendrez que, dès 1982, j’avais annoncé qu’une libéralisation progressive était nécessaire. Après avoir expérimenté la pluralité des candidatures au sein du parti unique, nous avons restauré le multipartisme. Puis au début des années 90, plusieurs lois garantissant les libertés civiques, d’association et de presse ont été adoptées. Au fil du temps, des consultations électorales, à différents niveaux, ont été organisées dans des conditions que nous nous sommes efforcés de perfectionner pour assurer la sincérité des scrutins.

Aujourd’hui, je crois pouvoir dire qu’avec un Président de la République élu au suffrage universel direct, une Assemblée Nationale où siègent des représentants de la majorité et de l’opposition, un Gouvernement multicolore responsable devant l’Assemblée, un Pouvoir Judiciaire indépendant, nous avons établi un régime remplissant les critères essentiels de la démocratie. Nous allons d’ailleurs en compléter les dispositions avec l’institution du Senat et la mise en œuvre effective de la décentralisation qui permettra aux citoyens de participer directement à la gestion des affaires publiques, sans pour autant compromettre l’unité nationale. Nous nous sommes également attachés à apporter des garanties au respect des droits de l’homme, tant dans les textes que dans la pratique quotidienne des organes de l’Etat.

Malheureusement, nous le savons, la liberté politique n’est pas suffisante pour assurer la liberté tout court. Quelle est en effet la liberté d’un homme qui ne mange pas à sa faim ? C’est pourquoi nous avons toujours pensé qu’elle était indissociable du progrès économique et social. Cette partie de notre projet de société s’est avérée la plus difficile à réaliser.

Depuis l’extension de la mondialisation, les économies nationales sont encore plus tributaires des variations de l’économie globale sur laquelle les gouvernements ont peu de prise. Notre tâche s’est ainsi trouvée compliquée pendant les dernières décennies par une succession de crises : dégradation des termes de l’échange, ralentissement de la croissance en Europe et en Asie, variations erratiques des cours du pétrole et des matières premières, etc. Tous phénomènes qui ont eu pour notre économie des conséquences négatives.

Nous avons néanmoins fait front en nous soumettant à la rude discipline des plans d’ajustement structurel. Les sacrifices consentis par notre population nous ont permis, après une véritable récession, de retrouver le chemin de la croissance. La dernière crise a malheureusement de nouveau entravé nos efforts, en réduisant nos exportations et en freinant nos investissements, avec pour conséquence une remontée du chômage.

Il n’est pas question ici de chercher des excuses. Qui peut contester aujourd’hui que presque tous les pays – y compris les plus puissants– connaissent de grandes difficultés économiques ? En attendant une hypothétique reprise, chacun d’entre eux s’efforce de trouver la voie du salut. C’est évidemment ce que nous essayons de faire nous-mêmes.

Nous n’avons pas pour autant renoncé à faire reculer la pauvreté. Si aux plans de l’éducation et de la santé, des avancées indéniables ont été faites, il faut bien reconnaître que la partie la plus vulnérable de notre population, surtout dans les zones rurales, n’a pas vu son sort s’améliorer considérablement. L’accès à l’eau, à l’électricité et aux soins de santé reste pour beaucoup aléatoire. En revanche, nous pouvons prétendre que le paysage scolaire et universitaire de notre pays n’a plus grand chose à voir avec la situation d’après l’indépendance.

Par ailleurs, l’urbanisation accélérée qui s’est produite au cours des dernières décennies à la suite d’un fort exode rural a soulevé un grand nombre de nouveaux problèmes : logement, voirie, transport, sécurité. Avec à peu près la moitié de la population dans les villes, le Cameroun est on ne peut plus différent de ce qu’il était il y a cinquante ans.

Nous avons connu un autre bouleversement qui s’est opéré de façon progressive, si progressive qu’il est passé presque inaperçu. Avec les progrès de la scolarisation et de l’alphabétisation, ainsi que la diffusion des médias de masse, notre peuple s’est ouvert sur le monde. Nous lisons les journaux, écoutons la radio, regardons la télévision. Nos comportements, nos modes de vie, nos façons de penser ont évolué. Peu d’entre nous se rendent compte combien nous avons changé. En même temps que nous nous « occidentalisons », si je puis dire, nos différences tendent à s’estomper.

L’Afrique n’est pas la seule à connaître cette transformation. Même les pays dont l’identité était la plus marquée, n’ont qu’imparfaitement résisté. Acceptons ce que cette évolution a de positif, c’est-à-dire ce qui nous permet de progresser et de nous rapprocher des autres peuples. Mais que ceci ne nous empêche pas de retenir ce qui participe de notre nature profonde : la solidarité, la fraternité et autres vertus africaines. Efforçons nous aussi de garder ce qui appartient à notre génie propre : notre culture, nos langues nationales mais aussi celles qui sont devenues les nôtres. Conserver son patrimoine, c’est aussi conserver son identité.

En même temps que nous construisions notre pays, il nous incombait de veiller à la protection de son intégrité territoriale. Le vaste territoire dont nous avions hérité, nécessitait pour assurer sa sécurité la disponibilité de forces de défense suffisamment nombreuses et bien formées. Nous avons mené à bien cette tâche et nous disposons aujourd’hui d’une armée qui répond à nos besoins. Avant tout force de dissuasion, elle n’a vocation d’intervenir qu’en dernier recours.

Notre idéal de paix nous incline en effet à privilégier la concertation ou la négociation. De fait, nous nous sommes efforcés, tout au long des dernières années, d’entretenir avec nos voisins les meilleures relations possibles. Il me semble que nous y avons réussi. Le seul problème très sérieux que nous avons connu a concerné l’affaire de Bakassi. il a été heureusement réglé, conformément au droit international, grâce à l’esprit de conciliation et la volonté de rapprochement des parties en cause.

Ayant accédé à la souveraineté internationale, il nous revenait de déployer un réseau diplomatique à notre mesure. Cela a été fait progressivement. Aujourd’hui, nous sommes présents dans de nombreuses capitales et auprès des principales organisations internationales. De leur côté, plusieurs dizaines de représentations diplomatiques étrangères sont établies à Yaoundé. Nous pouvons ainsi jouer notre partition sur la scène internationale tant pour participer à l’activité diplomatique générale que pour défendre nos intérêts. La place du Cameroun sur l’échiquier mondial me paraît tout à fait honorable.

Mes chers compatriotes,

Peu nombreux sont ceux aujourd’hui qui ont vécu les heures exaltantes de l’indépendance. La plupart d’entre eux ont disparu et avec eux une part de leur rêve inachevée. Mais ils ont connu l’essentiel : ne plus subir l’humiliation, marcher la tête haute, agir à leur guise, avoir le droit à l’erreur. Pour la majorité d’entre vous, cette époque appartient à un lointain passé et est de l’ordre de l’acquis. Je ne m’en étonne pas mais comprenez que j’aie voulu dresser le rapide bilan qui précède pour mesurer le chemin parcouru.

Bilan positif ou négatif ? Aurait-on pu faire mieux ? Peut-être. Moins bien ? Sûrement. Sans revenir sur ce qui a été dit sur notre Nation et notre Etat, je rappellerai que nos institutions politiques sont restées stables, que les tensions sociales ont pu être maîtrisées, que nous sommes restés en paix avec nos voisins et que les libertés et les droits de l’homme n’ont pas cessé d’être respectés.

La véritable ombre au tableau reste la pauvreté qui demeure une plaie ouverte sur notre corps social. Tout en reconnaissant nos insuffisances, j’ai dit pourquoi les crises successives dont nous n’avions pas le contrôle, nous ont contraints pendant des années à gérer la pénurie et à rester en deçà de nos objectifs. Alors que les effets de la crise s’atténuent, que les premiers signes de reprise se manifestent et que l’investissement paraît devoir reprendre, je pense que nous devons considérer l’avenir autrement.

Je crois en effet qu’une époque est en train de prendre fin. Pour dire les choses clairement, j’estime que nous devons nous fixer comme ambition de devenir dans une vingtaine d’années un PAYS EMERGENT. J’avais évoqué cette éventualité il y a quelque temps sans pouvoir imaginer que la dernière crise économique et financière viendrait en éloigner la perspective.

Entretemps, nous nous sommes dotés d’une vision de développement à long terme qui prévoit qu’à l’horizon 2035 le Cameroun pourrait être (je cite) « un pays émergent, démocratique et uni dans sa diversité ». Cela suppose que nous parvenions à réduire la pauvreté à un niveau socialement acceptable, que nous devenions un pays à revenu intermédiaire et que nous franchissions le stade de nouveau pays industrialisé. Je ne me dissimule pas que ce défi est de taille. Mais je crois que notre pays en a les ressources et que notre peuple a les qualités requises pour le relever.

Un « document de stratégie pour la croissance et l’emploi » a été élaboré et servira de cadre de référence à l’action gouvernementale pour la période 2010-2020. Ce document fixe les objectifs de la première phase de notre vision à long terme et définit la stratégie pour les atteindre. Il relève les lacunes structurelles qu’il conviendra de corriger et passe en revue les grandes infrastructures que nous devons réaliser, ainsi que les secteurs productifs à moderniser. Enfin, il énumère les réalisations à prévoir dans les domaines de la santé, l’éducation et la formation professionnelle.

Comme vous pouvez le constater, il s’agit d’un véritable plan décennal de développement qui nous a fait défaut au cours des dernières années. Il vise essentiellement à redynamiser notre situation économique et par ce moyen à stimuler l’emploi et faire reculer la pauvreté. Quelle que soit votre place dans la société, je voudrais que vous considériez la mise en œuvre de cette stratégie comme une véritable cause nationale et que vous vous mobilisiez pour en assurer le succès.

Je vous le disais il y a un instant. Nous allons changer d’époque. Pour me résumer, je dirais que, durant les cinquante dernières années, nous avons édifié l’architecture de notre indépendance. Demain nous allons lui donner le contenu économique et social qu’elle mérite.

Notre peuple qui a fait preuve de tant de courage et de patience, devrait y trouver, à travers une juste redistribution des fruits de la croissance, la récompense des sacrifices qu’il a consentis.

Vive l’indépendance !

Vive le Cameroun !"


dimanche 9 mai 2010

Intégral du discours du Guide de la révolution lors de la commémoration du 24ème anniversaire de l’agression américano-atlantiste.

Le jeudi 15 avril 2010, date qui symbolise la 24ème année de l’agression américano-atlantiste, le Guide de la Révolution, le frère-Colonel Mouammar Al-Kadhafi a tenu à recadrer et clarifier dans son discours commémoratif, devant les membres des comités populaires de base de la région de Syrte, les parlementaires venus de différents pays dans le monde, les diplomates et les invités de la Grande Jamahiriya venus pour l’occasion, les relations que la Libye et le peuple libyen entretiennent avec l’extérieur entre autres avec les Etats-Unis d’Amérique.


Intégral du discours du Guide de la révolution lors de la commémoration du 24ème anniversaire de l’agression américano-atlantiste avortée contre la Grande Jamahiriya – Syrte, 15 avril 2010

« Bonsoir à tous

Ma présence aujourd’hui dans cette région – tout comme il est observé partout dans les autres régions de la Jamahiriya les manifestations du même genre - marque un symbole, celui de l’agression hypocrite de la Grande Jamahiriya en 1986 par l’Amérique et ses alliés occidentaux. Ce jour-là, nous avions compté des victimes parmi lesquels nos enfants et parents.

C’est assurément un anniversaire douloureux d’un point de vue intime; mais c’est aussi un aperçu des positions que peuvent être l’affrontement et les batailles de résistances contre les agressions.

Ce qu’il nous faut souligner en cette journée de commémoration, 24 ans après cet affrontement démesuré qui a atteint les proportions de conflit entre la Libye et l’Amérique, c’est que, c’était tout de même, au demeurant de la Libye, un affrontement glorieux… un petit peuple qui résiste au plus grand et géant impérialiste sur terre, qui le défait… et qui est resté jusqu’à ce jour dans ses frontières… donc la Libye est restée libre et indépendante.

La question qui mérite qu’on s’y attarde est celle-ci : Quels sont les résultats acquis depuis cet événement douloureux jusqu’à nos jours ? En 1986, bien avant et même après cette date, l’affrontement était resté intense et démesuré. Il y avait une situation d’hostilités et de guerre qui nous étaient imposées. Les causes à cela, l’histoire nous les racontera plus que nous ne saurions le faire aujourd’hui. Plus tard, des vérités surgiront beaucoup plus qu’il en est aujourd’hui.

Bien qu’il soit africain, d’origine arabo-soudanaise, ou d’origine musulmane, etc.… il est un homme dont la politique jusqu’ici doit être encouragée et appuyée au possible. Car c’est un homme qui aspire à la paix, qui a tiré un trait sur toutes les sornettes américaines, sur tous les programmes schizophréniques américains que les USA ont menés dans le passé pour martyriser les peuples, avec toutes les fausses querelles qu’ils orchestraient et qui devenaient déjà monnaie courante dans le monde… Cela explique aujourd’hui la raison de notre soutien, c’est une attitude que nous approuvons. J’invite tous les peuples à lui accorder cette main tendue, à l’appuyer dans ses visions politiques. En effet, l’Amérique est une superpuissance dans le monde. Si sa politique est négative, elle le sera pour le reste du monde. Si elle est bonne, c’est aussi le monde qui en tirera profit.

Tant que ce qui est aujourd’hui proposé est un programme pacifique, abstraction faite que c’est parce que c’est Obama qui est Président des USA et que l’Etat en question c’est l’Amérique, il faut dans cette situation réellement l’appuyer. J’ai toujours dit jusqu’ici, car je ne sais pas ce qui adviendra à Obama, que ses politiques méritent l’encouragement. Ainsi, être hostile à l’Amérique parce que c’est l’Amérique, c’est une politique qui n’est pas vigoureuse, ni sage.

Nous devons être constamment hostiles à l’Amérique lorsque les raisons nous poussent à l’être. Au temps de Reagan, nous lui jetions des invectives, nous étions hostiles à l’Amérique étant donné que nous étions dans une situation d’affrontements permanents. Nous incitions le peuple contre l’Amérique. Nous déclarions franchement ce qui devait être déclaré contre l’Amérique. Dans l’affrontement, nous faisions ce qui devait être fait contre l’Amérique. Mais aujourd’hui, l’Amérique d’Obama n’est pas celle de Reagan. Naturellement, ce serait arbitraire de dire aujourd’hui que l’Amérique est demeurée telle qu’elle était avant… telle qu’elle était et telle qu’est par exemple, la politique d’Obama appelant à œuvrer pour que le monde se débarrasse des armes nucléaires. Tous les peuples soutiennent cette politique… il faut la soutenir… il faut l’encourager dans cette politique.

Notre vœu est que se réalise ce rêve qui est celui d’Obama, que le monde soit exempt d’armes nucléaires. C’est quelque chose qu’aucun président américain n’avait proposé auparavant. Aucun d’eux n’avait avant lui proposé d’œuvrer dans ce sens ni d’amorcer un programme de désarmement nucléaire dans le monde. Il y avait autrefois des traités entre l’Union soviétique et l’Amérique concernant la diminution des stocks d’armes nucléaires. Cependant, le programme de Barack Obama consiste à se débarrasser complètement d’armes de destruction massive – bien entendu – que c’est en plusieurs étapes et non tout d’un coup. Ce que je veux dire par-là, c’est le fait que tous les peuples soutiennent le fait de vivre dans un monde dépourvu d’armes de destruction massive. Face à cette politique, on ne saurait s’y opposer. Tout au contraire, il faut le saluer et l’appuyer.

En plus, c’est un homme qui est contre la guerre dont les précédents présidents ont plongé l’Amérique. Il n’est pas un va-t-en guerre. Il a annoncé qu’il se retirera de l’Afghanistan et de l’Irak. Ce qui n’était pas à l’ordre du jour avant lui. Pourtant avant son accession à la tête de l’Amérique, des déclarations fusaient de partout des responsables américains que les USA resteront cent ans en Irak.
Ce qui est ironique dans tout cela, c’est le fait que l’Amérique avant qu’elle ne sombre en Irak, avait un plan d’encerclement de la Russie par le sud, en survivance du plan d’Hitler, dont la stratégie consistait en un piège pour parvenir à Moscou, comme vous le savez.

Rommel était venu en Afrique du nord pour envahir le Moyen-Orient tel que plus tard, l’Amérique planifiera, après l’invasion de l’Irak, l’attaque contre la Russie. Dans cette même logique, Hitler voulait ainsi cerner la Russie - l’Union soviétique à l’époque - en procédant par le sud, en Scandinavie et en mer Baltique par le nord… cette souricière stratégique connue dans la science militaire dans la deuxième guerre mondiale.

L’Amérique avait procédé suivant le même plan, avant l’arrivée d’Obama, avant qu’elle ne sombre en Irak. A toute chose, malheur est bon et Obama est arrivé au bon moment. C’est un mal qui affecte l’Irak… qui affecte la nation irakienne, avec bien entendu ce que cela induit en pertes énormes. Il reste que cette situation a un sens en ceci qu’elle ramène l’Amérique à la raison, qu’elle ne peut évoluer comme bon lui semble dans ce monde.

L’Amérique a sombré en Irak certainement parce qu’elle ne s’y attendait. Elle avait pris les choses aussi facilement qu’elle ne l’imaginait, en passant que dès qu’elle finira d’envahir l’Irak, elle s’en prendra à la Syrie puis à l’Iran et qu’à l’issue de toutes ces percées, elle pourra aisément nettoyer les poches qu’elle aurait laissées derrière elle, comme par exemple la Libye, l’Algérie, le Soudan et tout autre Etat libre. C’était ainsi qu’elle envisageait sa domination sur le monde mais elle avait oublié qu’elle devait sombrer en Irak.

Je dirai que l’invasion de l’Irak est à la fois un malheur et quelque chose qui a de l’utilité par ailleurs malgré toutes les énormes pertes dont souffre le peuple irakien ; elle a ramené l’Amérique à la raison. Et Obama a condamné cette politique dans sa totalité et a annoncé le retrait de l’Irak. Il a fondamentalement condamné l’invasion de l’Irak. C’est cela qui m’amène à demander que le monde le soutienne et l’appuie dans cette logique.

(Ovations de la masse)

C’est bien que les libyens applaudissent un Président américain. C’est formidable ! Cela veut dire qu’il s’est réellement produit un changement dans le monde.

S’il faut parler de l’Afghanistan, c’est pareil. Il a condamné cette guerre et a aussi décidé du retrait américain en Afghanistan. Je crois que l’année prochaine verrait des retraits américains de l’Afghanistan et de l’Irak… il a été jusqu’à également condamné la guerre du Vietnam qu’il a jugé d’erreur grave. Or on sait que la guerre du Vietnam pour les américains est du domaine du sacré qui ne doit pas être condamné. D’un point de vue stratégique, quiconque en Amérique osait critiquer la guerre du Vietnam ne bénéficiait plus d’aucun soutien.

Au plan interne, on a vu comment il s’est battu bec et ongle sur le dossier sur la protection sanitaire. C’est extraordinaire ! C’est quelque chose qui n’a jamais existé en Amérique. On a vu comment il s’est battu pour les pauvres et pour ceux qui ont bien besoin de la couverture santé. Sans doute que le Secrétaire d’Etat, du fait qu’elle soit une femme et qui a autrefois œuvré pour la protection de l’enfance et la couverture santé, et qui est à l’origine de l’ouvrage « une vie que nous avons vécue », pourrait avoir aidé au succès de ce programme.

Toujours sur le plan interne, au lieu de se jeter dans la politique dite de protection du monde ou de la poursuite des terroristes à travers le monde, il a relevé que cela était impossible de supprimer physiquement tous les terroristes dans le monde et donc, qu’il faut sécuriser l’Amérique de l’intérieur. Voila, ce sont des politiques raisonnables qui méritent d’être soutenues.

En ce qui concerne les relations américano-libyennes, Obama a affirmé à plusieurs reprises que ce soit à moi personnellement ou en Italie avec Moussa Koussa (ndlr actuel Secrétaire général du Comité Populaire de Liaison Extérieure et de la Coopération Internationale) ou même lors de la rencontre à New-York… ce qui a été confirmé par le Département d’Etat américain ou par l’Ambassade américaine, que les Etats-Unis d’Amérique sont animés d’intentions sérieuses pour une bonne relation d’amitié et de coopération avec la Libye.

Aujourd’hui, même sans ces bonnes paroles émanant de l’administration américaine à l’encontre de la Libye, je peux dire qu’il n’y a plus de problèmes secondaires subsistant entre la Libye et l’Amérique.

La Libye et l’Amérique, en tant que deux Etats souverains vive sans catégoriquement plus aucun problème après que celui de Lockerbie ait été résolu… il n’y a plus rien en suspens entre nos deux pays.

Et même, si l’Amérique était un Etat impérialiste, cela ne relèverait plus d’un problème du peuple libyen avec l’Amérique. Ce serait un problème englobant tous les peuples du monde. Si l’Amérique est une superpuissance, un Etat puissant, cela ne concerne pas le peuple libyen uniquement. Cela devrait concerner en premier chef la Fédération de Russie, la Chine et le reste du monde. Et si l’Amérique était aux côtés des Israéliens contre les Arabes, cela ne concernerait pas en premier lieu le peuple libyen mais toutes les nations arabes au premier rang duquel la nation Palestinienne.

Je souhaite pour ma part, que nous évoluons notre position; que l’on ajuste les concepts mais que nous restons toujours en état d’éveil. L’Amérique reste toujours l’Amérique, une superpuissance et ses agissements ainsi que ses politiques seront toujours ceux de tout empire comme ce fut au temps de l’empire allemand à l’époque d’Hitler, l’empire français de Napoléon, l’empire ottoman, perse, romain, abbasside et omeyade.

Tous ces empires ont toujours eu des politiques impérialistes. Bien entendu que c’est à prendre au sérieux, mais cela n’a rien à voir dans les relations bilatérales ni dans les relations entre la Libye et l’Amérique. C’est un problème ou une affaire qui concerne tous les peuples de la terre par rapport à l’Amérique et nous ne sommes pas les représentants du reste des peuples dans la résistance face à elle. C’est un problème mondial. Et en tant que problème mondial, c’est quelque chose d’apaisant et un acquis important. Le fait qu’après un quart de siècle dans une si longue bataille, il n’y ait plus de problèmes bilatéraux entre nos deux pays est significatif à nos jours : pas de problèmes sur le golfe de Syrte ni sur les frontières, ni sur le pétrole ou le terrorisme. Les problèmes, quels qu’ils soient, n’existent pas aujourd’hui entre la Libye et l’Amérique. Je peux l’affirmer haut et fort devant le peuple libyen, le peuple américain et le monde entier.

Quant à l’autre aspect, je veux dire, la question des Arabes dont je conduis en ce moment la présidence de la Ligue arabe… la relation entre les Arabes et l’Amérique n’est pas celle qu’entretiennent la Libye et l’Amérique. C’est bien une relation entre la nation arabe d’une part et l’Amérique, de l’autre part. S’il faut parler de cette relation, nous dirons tout court que les Arabes détestent l’Amérique, sans aucun doute. Il n’y a pas un seul Arabe qui aime l’Amérique. Même les dirigeants que l’Amérique considère alliés ou amis, ne l’aiment pas. Cet amour apparent est tout simplement de la supercherie ou alors du pragmatisme en politique. Quelqu’un qui a peur de l’Amérique, pour éviter sa vindicte prétendra qu’il l’aime ; un autre espère que l’Amérique le soutienne économiquement soit en lui octroyant des crédits ou des aides financières ou quelque chose dans ce genre ou qu’elle protège son régime politique. Mais au fond d’eux-mêmes, les Arabes n’aiment pas l’Amérique. Ce n’est pas que de l’Amérique d’Obama, nous parlons de manière générale de celle d’avant lui car la cause a été chèrement entendue.

Quant à la rue arabe, il n’y a aucune hésitation là-dessus, elle déteste souverainement l’Amérique à cause de ses politiques impérialistes dans le passé, comme je l’ai clairement évoqué plus haut. L’empire Ottoman par exemple n’était pas aimé par les peuples qu’il écrasait, ni celui de Napoléon. Les Empires perse, moghol, tatare, genghin-khan, kambiz et korch, ou les empires abbasside, omeyade et fatimide n’étaient aimés par aucun peuple. Les peuples redoutaient leur foudroiement car ils les piétinaient et au cours de leurs incursions, rasaient les terres des populations, les occupaient et les colonisaient.

Donc, c’est connu des impérialistes… leur puissance leur impose cette politique… « L’homme tend à tyranniser s’il est atteint par la folie ». Quand l’homme se sent fort et riche, il se comporte en tyran, c’est de la psychologie. Les Arabes n’aiment pas les Américains et la raison de ce fait est claire à cause de la Palestine. Autrefois, les Arabes détestaient l’Angleterre et l’accusaient d’avoir livré la Palestine aux Israéliens en 1948 [vrai ou faux], les Arabes détestent l’Angleterre pour cela.

Plus tard l’Amérique est intervenue sur la scène et dans la bataille aux côtés des Israéliens contre les Arabes. L’opinion publique arabe a changé vis-à-vis des Américains, les Arabes ont commencé à détester les américains comme ils l’ont fait contre les Britanniques.

Tous les intellectuels arabes détestent l’Amérique, les peuples, les gens ordinaires, tous la détestent mais prétendent être ses amis ou alliés. Ceci n’est qu’hypocrisie pour des raisons que j’ai évoquées plus tôt en les qualifiant de pragmatisme ou d’utilitaire.

La raison évidente qui a fait que les arabes détestent l’Amérique, c’est la question de la Palestine ; bien évidemment après son alignement derrière les Israéliens. C’est là où elle a perdu l’amitié de la nation arabe, puis la rue elle-aussi est devenue son ennemie.

Si les Américains veulent regagner l’estime arabe ou avoir les Arabes comme alliés, ils doivent changer de politique. Aujourd’hui, les Palestiniens sont dans une situation identique à celle des juifs autrefois, lorsqu’ils étaient éparpillés et opprimés.

Le Roi Édouard I, roi d’Angleterre a chassé les juifs de l’Angleterre après les avoir bien persécutés ; ce roi n’était pas Arabe. C’était un anglais et roi d’Angleterre… Tétus et Hadrien ont persécuté les juifs, ce sont des empereurs romains et non arabes.

Les tribunaux d’Inquisition en Andalousie étaient des tribunaux gothiques européens et non arabe. Les Arabes et Juifs ont subi la persécution de l’Inquisition et ils ont été chassés de la Presqu’île Ibérique d’Espagne et d’Andalousie et se sont refugiés dans les pays arabes.

Ce sont les Arabes qui ont accueilli les juifs à l’époque lorsque les romains les ont chassés d’Al-Qods et les ont persécutés. Les Arabes les ont accueillis et leur ont donné des villages tels qu’Oued Al-Qora. Les tribus juives qui étaient en Arabie étaient des tribus chassées à l’époque romaine. Il y avait des quartiers juifs dans chaque pays arabe. Ils avaient des quartiers au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Libye, en Egypte, en Syrie partout dans chaque pays arabe, on entendait des quartiers juifs. Ces quartiers sont apparus après l’expulsion des juifs et arabes d’Andalousie… les arabes les ont accueillis et garantis leur sécurité. Ils n’ont pas persécuté les juifs.

Et enfin, les fours à gaz et l’holocauste ; c’est l’œuvre des Européens, c’est l’œuvre des Allemands et non pas des Arabes. Comment donc l’adversité s’est déplacée vers les Arabes et pourquoi ils veulent satisfaire les juifs sur le dos des Arabes ?

Les Arabes ont refusé la partition de 1947 et aujourd’hui, on dit pourquoi vous l’avez refusé ? Ils ont leur raison. A l’époque, les Arabes étaient démographiquement plus importants que les juifs en Palestine. Et ils ont eu une partie de terre moins importante que celle donnée aux juifs. Donc, les Arabes ont dit, nous sommes la majorité en Palestine, comment vous nous donnez une terre moins importante par rapport aux juifs… voila même qu’aujourd’hui, les juifs se sont tout accaparés, ayant expulsé près de quatre millions de Palestiniens.

L’Amérique doit modifier sa politique si elle veut s’attirer la sympathie arabe – nous parlons maintenant au nom des Arabes – Les Américains doivent regarder le peuple Palestinien comme ils l’ont fait avec les juifs de la diaspora.

Aujourd’hui, c’est le peuple palestinien qui vit dans la diaspora et subit des bombardements des israéliens qui utilisent les avions de combats et les armes les plus sophistiqués pour assassiner des enfants, persécuter le peuple palestinien et détruire les maisons.

Maintenant, il est temps que l’Amérique se mette aux côtés de ce peuple. Ce qui se produit aujourd’hui, c’est l’antisémitisme arabe. Le sémitisme arabe affronte l’adversité de l’Europe, de l’occident au profit des Israéliens.

Si l’occident est terrorisé par l’antisémitisme, nous-aussi, nous sommes des sémites. Le semitisme arabe est persécuté. L’Amérique et l’Europe ne devraient pas appliquer une politique contre le sémitisme arabe et un racisme anti-arabe.

Actuellement, les Palestiniens sont dans une situation où l’Amérique devrait être à leur côté et non pas aux côtés des Israéliens. C’est bien possible, si Barack Obama manifeste son courage et que la politique américaine subisse un profond aménagement en faveur des Palestiniens. Que la Palestine soit souveraine sur la Cisjordanie et la bande de Gaza. Ce sera une ruse qui mettra fin au conflit… et qu’à l’opposé, si des politiciens palestiniens et arabes s’accordent là-dessus en faveur de l’Israël, ils seront considérés comme des traitres et bien évidemment la future génération s’y opposera. Cette génération sera pour la Palestine.

Est-ce que la Cisjordanie et la bande de Gaza n’étaient pas sous notre souveraineté ?! en 1948, les Israéliens n’avaient pas occupé la Cisjordanie et Gaza. La Cisjordanie était sous le contrôle de la Jordanie et Gaza sous contrôle égyptien. Pourquoi, ils n’ont pas constitué un Etat palestinien sur ces territoires ? La raison réside dans le fait que ces deux territoires ne sont pas la Palestine.

Les habitants de Gaza sont sur leur territoire, ceux de la Cisjordanie aussi, mais quatre millions de palestiniens ont été expulsés. Ils doivent y retourner.

L’Amérique doit œuvrer pour le retour au moins des quatre millions d’expulsés palestiniens de 1948.

L’idée de deux Etats, un sur la Cisjordanie, sur la bande de Gaza et un Etat Israélien, relève d’une pensée naïve et ne résoudra pas la question. La Cisjordanie n’est pas la Palestine, Gaza non plus.

La Palestine est cette terre qui se situe entre le fleuve et la mer et sur laquelle doit vivre les Palestiniens et les Israéliens. La solution de cette question réside dans la création d’un seul Etat démocratique, conditionné par le retour des refugiés palestiniens et le nettoyage des armes de destruction massive dans la région.

En outre, la colère des Arabes contre l’Amérique vient de son soutien aux Israéliens et de son silence vis-à-vis de son arsenal nucléaire.

La Libye, l’Iran, la Syrie, l’Egypte et l’Irak sont poursuivis pour l’acquisition d’armes de destruction massive. L’Irak et la Syrie sont attaqués et aujourd’hui regardez ce qu’on fait contre l’Iran. Ils ont alerté le monde entier et déclenché une vaste campagne contre ce pays.

Pourquoi cela ne se fait pas à l’égard du réacteur de DIMONA, avec ses 200 têtes nucléaires ? C’est ce que disent les Arabes. Même si les gouvernants arabes ne bronchent pas, le peuple arabe le clame haut et fort. Il se dit, si l’Amérique était un Etat juste et une superpuissance qui œuvre pour la paix dans le monde, elle devait avoir la même mesure envers les deux parties.

Oui, la Libye ne doit pas avoir d’armes de destruction massive dont elle s’est volontairement débarrassées, la Syrie ne doit pas les avoir non plus, ni l’Irak, l’Iran, l’Egypte et autres. En contrepartie, les Israéliens ne doivent pas aussi disposer d’armes de destruction massive.

Mais non, les Arabes ne sont pas naïfs. Ils voient les américains s’aligner du côté du programme nucléaire israélien. Cette Amérique n’impose pas une inspection de ses installations, ne demande pas son démantèlement et en même temps exige des Arabes, le désarmement.

Bien évidemment, ces paroles sont adressées à notre fils Barack Obama et au peuple américain. Ce jour est d’une part, jour de commémoration d’un douloureux souvenir mais d’autre part, il intervient à un moment où il n’y a pas de problème dans les relations entre les peuples libyen et américain. Les problèmes restent actuellement entre les Arabes et l’Amérique… ce n’est plus un problème avec le peuple libyen et nous ne l’assumerons pas à la place des peuples arabes.

Le problème des Arabes avec l’Amérique est bien clair… le citoyen arabe veut que l’Amérique se range du côté du peuple palestinien. Quant à l’idée d’un Etat en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, c’est une idée rejetée… elle est naïve et ne marche pas ! Il faut créer un seul Etat démocratique, démanteler l’arsenal nucléaire israélien, rapatrier les refugiés palestiniens – ce n’est pas le règlement de la question des refugiés, mais leur retour, leur droit au retour, car il est possible de les liquider, ou de les égorger et dire ensuite que la question est réglée. Les choses doivent être claires.

Notre avis sur ce sujet est contenu dans le Livre Blanc que nous avons présenté au monde. Un appel à la création d’un seul Etat démocratique ou cohabite juifs et arabes, comme c’est le cas aujourd’hui au Liban ou en Afrique du Sud.

L’Amérique ne doit pas suivre le mirage.

Obama ne doit pas marcher dans les labyrinthes empruntés par les anciens gouvernants américains qui ont impliqué l’Amérique au Vietnam, en Irak et en Afghanistan et que celle-ci est devenue une cible pour les terroristes, elle est pourchassée et honnie partout.

En tout cas, s’il veut conduire l’Amérique à la paix et devenir l’ami des peuples et se protéger des attaques terroristes, être à l’abri de violentes réactions mondiales, il doit modifier la politique internationale américaine notamment à l’égard des Arabes. Il doit remettre en cause la politique américaine car les congrès et les accords ont échoué.

On avait dit que « l’étable de David » devait résoudre tous les problèmes. Après « l’étable de David » signé par Sadate, nous avons vu ce qui s’est passé : de milliers de martyrs et de milliers de morts des deux côtés. Ensuite, on nous a parlé de la Conférence de Madrid ; cette conférence qui devait résoudre les problèmes après l’échec de « l’étable de David » tenue entre les plus hauts responsables palestinien et israélien à laquelle même Bégin avait pris part. On avait dit que c’est la première conférence entre responsables arabes et israéliens de haut niveau sous le parapluie international. Après des discussions et des discours, la conférence de Madrid s’était achevée sans résultat. Les choses ont continué comme avant « l’Etable de David » et avant « Madrid ». Puis on nous a présenté « Oslo », en disant c’est bon, il n’y a plus de problèmes entre Palestiniens et Israéliens.

Abou Mezen a conduit des négociations, mais rien n’a changé. C’est davantage de terreurs pour les Israéliens même. Ils ont subi des missiles du Hezbollah et l’action des Fédayins. Ils n’ont pas vécu et ne vivront pas en sécurité de cette manière.

Après c’était le tour de la conférence «d’Annapolis ». Là-aussi, on a dit, c’est la solution définitive. Mais rien n’a changé.

Pour permettre à Obama d’éviter d’emprunter les voies de ces politiques perdantes adoptées par ses prédécesseurs, la politique des conférences qui appellent à créer deux Etats, un palestinien et un autre israélien vivant côte à côte, chose qui est impossible car nous l’avons expérimentée, il n’y a qu’une seule solution, celle d’un seul Etat démocratique.

S’il veut mettre fin à la haine arabe envers l’Amérique, qu’il modifie cette politique au lieu de ruminer les théories révolues qui ont montré leur limite.

Il faut dire qu’il y a trois Etats côte à côte : Gaza, la Cisjordanie et l’Israël actuel. Nous ne pourrions plus parler de deux Etats. Il se peut que la Cisjordanie ou l’autorité palestinienne soit sur le chemin de négociation et peut-être que Gaza emprunte actuellement la voie de la guerre ; ce qui rendrait possible l’accord avec l’un et un désaccord avec l’autre. Donc, même l’histoire de la solution à deux Etats vivant côte à côte n’existera plus. La réalité sera tout autre. Donc aujourd’hui, nous avons trois Etats.

La solution réside dans la prise de position américaine au côté du peuple palestinien pour le retour de ses refugiés. En ce qui nous concerne, si les Palestiniens retournent chez-eux, et si on procède au démantèlement de l’arsenal nucléaire israélien, il n’y aurait plus de problème car les Arabes ne peuvent pas vivre dans l’ombre des missiles nucléaires israéliens même après le règlement de la question de la Palestine.

Il n’est pas possible que les Arabes soient désarmés et qu’au cœur de ses territoires un Etat ennemi détienne des armes de destruction massive. Je pense qu’Obama comprend bien cela, mais hélas, je crois, chaque président américain a peur des juifs.

Moi, personnellement, j’ai dit plusieurs fois que je crains une action des juifs contre la vie d’Obama. Il pourrait que sa fin soit identique à celle de Kennedy, qui a décidé d’inspecter sur les réacteurs de Dimona, ce qui fut la cause de sa mort.

J’ai évoqué cette question aux Nations-Unies et j’ai cité des noms. Peut-être que Barack Obama – Barack Hussein Obama, c’est son vrai nom– subira le même sort. Bien sûr j’ai peur pour lui des Israéliens précisément. Nous prions pour lui car il est notre fils, le fils de l’Afrique. Mais il peut avoir du zèle et décider de l’inspection des réacteurs de Dimona. Il faut se débarrasser des armes de destruction massive.

Les Arabes doivent refuser la paix qui ne s’accompagne pas du démantèlement des réacteurs de Dimona. Tous les pays de la région doivent être désarmés sinon tous les pays du Moyen-Orient doivent entrer dans une phase d’armement nucléaire et ce serait de leur droit.

C’est ce que j’ai voulu dire en général à propos du peuple libyen, du peuple américain et de l’état de relations entre ces différents peuples. Nous attendons voir ce que va faire l’Amérique, la balle est dans son camp. Nous avons confiance en notre fils, nous allons l’aider et le soutenir s’il continue sur la voie de ses politiques pacifistes, raisonnable et sages.

Que Dieu soit loué ! Bonne santé et meilleurs vœux.