mercredi 30 novembre 2011

Le Fcfa dévalué le 1er Janvier 2012 ?

                                                                                                                      Par Abdoulaye Villard Sanogo

C’est une information exclusive. Les pays membres de la zone CFA n’ont pas fini de souffrir. Cette fois, c’est le noir qu’ils vont commencer à broyer. Si rien ne vient entre temps changer la donne, dès le 1er janvier 2012, c’est-à-dire dans 40 jours, le FCFA sera dévalué à nouveau. La parité fixe qui jusque-là était de 1 euro=655,59 FCFA, passera à 1 euro=1000FCFA. Selon un diplomate européen, c’est pour apporter cette information aux chefs d’Etat de l’Uemoa qu’Alassane Dramne Ouattara a fait le tour de la sous-région la semaine dernière. Il a été mandaté, selon le diplomate, par le président français Nicolas Sarkozy.«En Afrique centrale, c’est à Denis Sassou Nguesso que la mission a été confiée d’informer ses homologues de la CEMAC mais aussi des Comores», ajoute notre source. Le diplomate assure que Sarkozy, compte tenu des problèmes que le Président sénégalais rencontre actuellement et surtout à cause de sa grande susceptibilité, a tenu à parler personnellement à Abdoulaye Wade lequel devrait informer son petit voisin Bissau-guinéen.Comme on peut s’en douter, cette mesure de dévaluation du FCFA est venue de la grave crise que traverse en ce moment l’Europe de l’euro et que seule, l’Allemagne supporte à travers ses caisses. C’est donc la Chancelière allemande, Angela Merkel, qui, selon nos sources, a demandé à son homologue français, Nicolas Sarkozy, de mettre de l’ordre dans les ex-colonies françaises avant qu’il ne soit tard. Mais si l’on regarde bien le schéma, il ne s’agit pas, à travers cette mise en garde de Mme Merkel, de sauver les économies des pays de la zone FCFA. Il s’agit bien d’aider la France à éviter de sombrer, ce qui pourrait plomber la zone euro, l’Allemagne ne pouvant plus à elle seule financer les déficits de cette zone.Mais qu’est-ce que la dévaluation du FCFA peut bien apporter à la France au plan financier et budgétaire ? Beaucoup, beaucoup trop même. Au travers de la guerre militaire qu’elle a menée ouvertement en Côte d’Ivoire pour renverser Laurent Gbagbo, la France a réussi à mettre sous l’éteignoir, tous les nationalistes et autres souverainistes dont le fondement de la politique est de redonner à l’Afrique, toute sa dignité. Laquelle devrait lui permettre de diversifier ses relations commerciales et politiques avec le reste du monde et non plus seulement avec l’ancienne puissance coloniale. Le cas de la Côte d’Ivoire est édifiant à cet égard. Aujourd’hui, tout semble dire que les accords de 1961, lendemain des indépendances, ont été réveillés. Les sociétés françaises ont récupéré tous les marchés. Bouygues est présent partout et il ne serait pas surprenant que, pour acheter désormais sur le marché mondial, l’Etat de Côte d’Ivoire passe forcément par l’Etat français. En d’autres termes, c’est en France que nous allons désormais acheter tout. Et comme tout cela se fait en devise (euro), nous allons dépenser beaucoup de CFA pour obtenir peu de produits. Ce qui arrangerait vraiment la France si l’on tient compte de l’ensemble des pays de la zone CFA qui vont acheter sur le marché français ou qui vont être obligés de faire transiter leurs marchandises par les ports et aéroports français. Si l’on ajoute à cela l’exploitation honteuse de nos ressources à laquelle se livre en toute impunité la France, on peut dire que le pari est gagné pour Paris de trouver les milliards d’euro qu’elle cherche partout pour combler son déficit. De l’avis d’un expert, les pays africains vont contribuer, avec cette mesure, pour 40% de leurs avoirs, au colmatage du déficit français.Comme en janvier 1994, lors de la première dévaluation, les pays africains qui font la manche recevront encore beaucoup d’argent des pays européens. Puisqu’il leur suffit de dégager 1 million d’euro pour que cela se transforme en 1milliard de FCFA. Parions ! Les hagiographes des différents palais présidentiels chanteront à l’unisson la fameuse chanson qui ne leur réussit pourtant pas : «Pluie de milliards !!!». Oubliant que cet argent est à rembourser non seulement avec des intérêts mais en devise. Conséquence, la dette des pays africains toujours sous la coupole de Paris va accroître de façon vertigineuse. Sacrifiant ainsi les futures générations africaines qui, une fois aux affaires, passeront le clair de leur temps à rembourser des dettes.Depuis que Ouattara est parvenu au pouvoir, les prix des produits alimentaires de première nécessité ne font qu’augmenter à la vitesse grand V. A partir du 1er janvier prochain, ça va être plus grave. La dévaluation ne peut nous servir que si nous exportons beaucoup. Tout le monde le sait. Tous les pays de l’espace francophone importent presque tout : produits manufacturés, riz, bois, poisson etc. A partir du mois de janvier 2012, c’est maintenant 1000 fcfa pour un euro. Au moment de servir le marché intérieur, les commerçants revendeurs devront tenir compte de cette nouvelle parité fixe. Les prix vont donc gonfler et ça va chauffer dans les marmites ! Le prix du carburant va suivre la flèche dans le sens verticale. Et on n’y pourra rien. Malheur aux pauvres populations africaines !

Réaction de

Hassan MAHAMAT-IDRISS:

Ma réponse :

Vous savez, cette situation n'est pas nouvelle. Déjà, les accords signés par les pères des indépendances et restés cachés, contiennent des aberrations graves, on peut observer entre autres, les clauses suivantes :

les nouveaux États indépendants devront déposer 65 % de leurs avoirs extérieurs (devises étrangères engrangées lors des ventes des matières premières) et ne disposeront que de 35 % pour payer leurs fonctionnaires, la santé, la défense, l'éducation....
Comme ces 35% ne peuvent suffire pour gérer les affaires courantes, assurer un bon fonctionnement de l'appareil de l'État, financer des projets en matière d'éducation, de santé, des infrastructures et de défense nationale, ces États se retournent vers la France pour demander une rallonge budgétaire et comme y a pas de rallonge pour eux, ils devront emprunter leur propre argent (rappelez-vous des 65 % de leurs avoirs extérieurs) détenu sur un compte spécial auprès du Trésor français. Résultats : Les États africains de la zone Franc s'endettent en empruntant leur propre argent et comme le système est bien ficelé, ils ne pourront jamais rembourser. Conséquences : le service de la dette augmente à une vitesse exponentielle. Les taux d'intérêt augmentent également en fonction du yo yo du marché financier international alors que nos économies sont exclues de ce marché financier international.

Il convient de rappeler que l'État français justifie la détention de ces 65 % par la fixation de parité du Fcfa par rapport au Franc français, par la convertibilité illimitée du Fcfa par rapport au Franc français et par rapport aux accords militaires qui ont imposé l'installation des bases militaires françaises en Afrique, qui sont par la suite, soutenues et financées par les États africains eux-mêmes. Le couac :  Depuis 2002, le Fcfa est arrimé à l'euro et pas au Franc français qui a disparu.

Pourquoi alors ces États africains continuent à laisser le Trésor français détenir 65% de leurs avoirs extérieurs alors que (logiquement et par effet mécanique) c'est la Banque Centrale Européenne (BCE) qui devra en principe assurer la convertibilité illimitée et la parité fixe du FCfa ?

Pour ce qui est de la prochaine dévaluation, hélas, ce sera le coup de grâce que la France va asséner à nos États. Sinon, économiquement parlant, le FCfa a déjà subi ce qu'on appelle une "dévaluation implicite" en janvier 2002 quand le Franc français a fondu dans l'Euro. Il ne fallait plus débourser 100 Fcfa pour avoir 1 FF mais il faudra désormais débourser 655,59 Fcfa pour avoir 1€. A ce moment là, on pourra dire que le Fcfa a été dévalué de + de 100 % de sa valeur fiduciaire. Voila la réalité. Nous imposer une nouvelle dévaluation conduit à reconnaitre que nous serions revenus au stade de l'esclavage sans même repasser par la case de la colonisation. Les africains vont désormais travailler pour la France et l'Europe, nourrir leurs populations et financer leurs économies déficitaires.

Dans ce cas précis, Alassane Dramane Ouattarra apparait comme un faire-valoir parmi tant d'autres chefs d'État africains. Par le passé, Houphouet et Senghor étaient au cœur du système mais n'avaient rien fait pour changer la donne. Avaient-ils les moyens ? Biya, Deby, Sassou, Compaoré, Wade, ATT, ... ont-ils davantage de moyens aujourd'hui que leurs prédécesseurs  ?

Faut-il que le peuple africain dans son ensemble se soulève comme un seul homme pour refuser ce traitement de cheval qui n'obéit à aucune logique économique actuelle ?